Leur cavale aura duré à peine deux jours : les deux détenus de la maison d'arrêt de Colmar qui s'étaient fait la belle dans la nuit de dimanche à lundi ont été repris mardi après-midi à Roubaix (Nord) par la police judiciaire.
«Les deux évadés ont été interpellés avec deux complices à Roubaix en fin d'après-midi», a indiqué à l'AFP Christian de Rocquigny du Fayel, procureur de la République de Colmar (Haut-Rhin).
Leur interpellation, survenue vers 17H30, a eu lieu «sans violence particulière», a indiqué une source policière. Les deux évadés, âgés d'une trentaine d'années, et leurs complices, un homme d'une soixantaine d'années, présumé être le père de l'un des deux, ainsi que la sœur de l'un d'entre eux, n'étaient «pas armés».
L'intervention policière a eu lieu dans la maison de la soeur, d'où l'un des évadés a tenté de s'échapper par les toits avant d'être rattrapé.
Les deux détenus, purgeant des peines de quatre et cinq ans pour des faits de vols aggravés, s'étaient déjà échappés par les toits de la prison particulièrement vétuste de Colmar, en descendant à l'aide de draps noués retrouvés à proximité de la maison d'arrêt.
Ils étaient parvenus à percer le plafond de leur cellule commune et leur évasion avait été constatée lundi matin à 6H30.
L'antenne de Mulhouse de la Direction régionale de la police judiciaire (DRPJ) a été chargée de l'enquête, sous l'autorité du parquet de Colmar.
Leur arrestation «fait suite à un travail d'équipe classique en cas d'évasion, à la fois de surveillance physique et technique», a expliqué une source policière, évoquant «un gros travail d'équipe de la PJ de Lille avec celle de Strasbourg et son antenne de Mulhouse».
«Nous avons pu établir qu'ils avaient un point de chute à Roubaix, où ils se sont rendus», a-t-on expliqué de même source.
Les quatre personnes ont été placés en garde à vue et des perquisitions effectuées.
Une «conjonction de failles de sécurité»
«L'enquête administrative reste d'actualité» malgré ces arrestations, a indiqué la Direction de l'administration pénitentiaire (DAP). Elle devra notamment expliquer pourquoi l'alarme située sur le toit de l'établissement pénitentiaire n'a pas fonctionné au moment de l'évasion.
Celle-ci est survenue près d’un mois après la belle spectaculaire du braqueur Redoine Faïd qui a fui par hélicoptère la prison de Réau (Seine-et-Marne) et est toujours en cavale.
Hasard du calendrier, la ministre de la Justice Nicole Belloubet a présenté lundi les conclusions d'un rapport de l'Inspection générale de la justice sur l'évasion de Redoine Faïd pointant une «conjonction de failles de sécurité» dans la prison francilienne.
Ce n'est pas la première fois que des détenus s'échappent en perçant le plafond de leur cellule à Colmar. En 2013, trois détenus avaient réussi la même opération, la nuit de la Saint-Sylvestre, tandis qu'une tentative avait été déjouée quelques semaines plus tard.
Selon l'administration pénitentiaire, la maison d’arrêt de Colmar, située en plein centre-ville touristique, comptait 166 détenus au 1er juillet 2018 pour 120 places opérationnelles. Sa fermeture a déjà été actée.
«Les travaux du centre pénitentiaire de Lutterbach, dans la banlieue de Mulhouse, qui permettront la fermeture de la maison d'arrêt de Colmar, débutent en septembre, pour une ouverture prévue en 2021», a précisé l'AP.