Braqueur chevronné et multirécidiviste, Redoine Faïd revient sous les projecteurs après une spectaculaire évasion, la deuxième en cinq ans.
Présenté comme l'une des plus importantes figure du grand banditisme français, ce braqueur médiatique affiche un parcours digne d'un bandit de film hollywoodien.
Le médiatique braqueur est originaire d'une petite cité de Creil, dans l'Oise (Hauts-de-France). Sa famille, venue d'Algérie, s'y installe quelques années avant sa naissance. Il est passioné de cinéma dès l'enfance, et plébiscite particulièrement les films de gangsters. Il effectue d'ailleurs son premier vol à six ans, dans un centre commercial de cette ville de 30 000 habitants.
Un épisode qu'il se plait à raconter dans un ouvrage, publié en 2010, «Braqueur, des cités au grand banditisme». Un long entretien retracant son parcours, écrit en collaboration avec le journaliste Jérôme Pierrat. Il y raconte également comment en 1990, alors qu'il est supposé être en classe, en train de suivre ses cours de Terminale, il braque une agence du Crédit du Nord. Il est mis en garde à vue pour la première fois la même année, à l'âge de 18 ans.
UN TRUAND PASSIONÉ DE CINÉMA
Les braquages se succèdent ensuite pour Faïd. Mais le «braqueur des cités» veut plus et pour faire partie de la cour des grands. Et c'est un film qui lui procure à la fois l'inspiration et le mode d'emploi nécessaire. Le jeune homme a tout appris de sa plus grande idole, et ce, en toute légalité : le réalisateur américain Michael Mann. Tellement fan qu'il lui fera un jour une déclaration, lors d'une séance à la cinémathèque.
Celui qui «rêvais de se faire un fourgon» a visionné des dizaines de fois, décortiquant, disséquant l'un de ses films les plus célèbres : «Heat», le long-métrage à succès sorti en 1995, avec Robert de Niro. Le braqueur, le vrai, attaque un fourgon blindé deux ans plus tard, à Villepinte (Seine-Saint-Denis). Mais après un an de cavale, il est arrêté et emprisonné, condamné à 18 ans de prison pour violence aggravé, séquestration, vol avec arme et en bande organisée, entre autres.
Repenti médiatique
En 2009, la libération conditionelle le fait sortir de prison. Un autre Faïd voit alors le jour. Rangé et en règle, il trouve un poste en tant que commercial et assure avoir mis les braquages loin derrière lui. Un repenti médiatique qui fait le tour des plateaux de télévision pour la sortie de son livre.
Pourtant, Redoine Faïd est accro au braquage, à l'adrénaline qu'elle procure. «Ce n'est pas que pour l'argent, explique Pierre Fourniaud à Franceinfo. C'est un homme qui a soif de reconnaissance, un dingue qui attaque un fourgon». Une expertise psychiatrique réalisé avant son procès de 2017 analyse le bandit comme «un prédateur social», quelqu'un de «doué pour la manipulation», qui sait «utiliser les qualité de sa personnalité, charme, intelligence, courage, réactivité pour contrôler les autres et obtenir ce qu'il souhaite».
En 2010, la police française le suspecte néanmoins d'être le cerveau du «commando de l'autoroute A4», une opération qui tourne mal. Une attaque de fourgon, interceptée par les forces de l'ordre, donne lieu à une course poursuite. Aurélie Fouquet, policière municipale de 26 ans, touché par un tir de kalachnikov, décédera des suites de ses blessures.
A 40 ans, Faïd se retrouve de nouveau en cavale. Il échappe de peu à un large coup de filet de la police en janvier 2011 avant d'être arrêté en juin près de Lille.
L'évasion qui fit sa renommée
C'est à ce moment là qu'il réalise son plus «coup». Le 13 avril 2013, à l'aide d'une arme à feu et d'explosifs, Redoine Faïd s'évade de la prison de Sequedin, soignant les détails de l'opération, digne d'un scénario de long-métrage hollywoodien. Devenant le fugitif le plus recherché de France, sa cavale prendra fin six semaines plus tard dans un hôtel de Pontault-Combault (Seine-et-Marne). Retour à la case prison, pour dix ans.
Après un procès retentissant en 2017, il est condamné à 25 ans de prison en appel en avril dernier. Sa théâtrale deuxième évasion fait de Redoine Faïd, toujours en fuite, une «star» du banditisme, qui ne compte pas mettre pour l'instant un terme à sa rocambolesque histoire.