Sur un fil périlleux, entre d'un côté, une majorité à cran et de l'autre, une opposition critique, Yaël Braun-Pivet, la présidente de la commission des lois, convertie en commission d'enquête sur l'affaire Benalla, est chahutée de toutes parts.
Si l'ensemble des députés ont d'abord salué sa décision de se doter rapidement des prérogatives d'une commission d'enquête après les premières révélations sur Alexandre Benalla, cette figure de proue de la majorité subit depuis un procès en partialité.
Le choix des personnes à auditionner, complétée au fil des jours, tout comme les tours de paroles des députés, parfois jugés inégaux selon les affinités politiques, sont dénoncés par les adversaires du président Macron. Une organisation jugée «partiale» des débats, dénoncée en première ligne par son co-rapporteur, Guillaume Larrivé, élu Les Républicains.
Forte tension entre les deux co-rapporteurs.
- @GLarrive (LR) dénonce une "obstruction de la part d'une majorité aux ordres de l'Elysée".
- "Ahurissant", selon @YaelBRAUNPIVET (LREM).#DirectAN #Benalla pic.twitter.com/2wn246sMGr— LCP (@LCP) 25 juillet 2018
La réponse surprise du chef de l'Etat devant les députés LREM rassemblés en fin de séance, n'a fait qu'alimenter un peu plus les doutes envers la commission et sa présidente, contestée notamment par Nicolas Dupont-Aignan.
Nicolas @dupontaignan claque la porte de la commission d'enquête parlementaire. "Je vois que le président de la République n'est plus le président de la Nation, mais va voir 'ses députés'. La situation est très grave !"
"Au revoir", répond @YaelBRAUNPIVET #directAN #Benalla pic.twitter.com/ozetmDLsh6— LCP (@LCP) 25 juillet 2018
La parfaite marcheuse
A 47 ans, Yaël Braun-Pivet coche toutes les cases du député En Marche : une femme, issue de la société civile, jamais élue auparavant. En 2017, elle a remporté haut la main la 5e circonscription des Yvelines, celle du Vésinet, délogeant au passage un vieux routier des Républicains, Jacques Myard, présent depuis 24 ans à l'Assemblée nationale.
Avocate pénaliste de formation, elle a successivement officié au barreau de Paris, puis au barreau des Hauts-de-Seine. Mère de cinq enfants, âgés entre 10 et 19 ans, elle a mis sa carrière de côté pendant plusieurs années pour suivre son mari, cadre supérieur chez l'Oréal en expatriation à Taiwan, au Japon et au Portugal, comme le rapporte l'Obs.
De retour en France en 2012, elle obtient son Master en droit des affaires et devient juriste d'entreprise. Après une courte et peu concluante expérience de création de start-up, spécialisée dans les courts-séjours en chambre d'hôtes, elle s'engage auprès des «Restos du cœur».
L'ex-juriste finit par diriger deux centres de l'association de sa région et plaide pour l'amélioration de l'accès à la justice auprès de plus démunis, en créant notamment un réseau de consultations gratuites d'avocats dans les centres d'accueil.
Une présidente innatendue
Depuis qu'elle a été élue à la tête de la commission des lois l'année passée, la député des Yvelines a dû prouver sa légitimité et ses compétences, comme le racontre un article du Monde. Arrivée en tête des élections face à deux adversaires masculins, elle est directement nommée présidente - un poste habituellement réservée à des députés bien plus aguerris - sans deuxième tour, par souci de parité à la tête des commissions parlementaires.
©JACQUES DEMARTHON / AFP
La quadra s'est néanmoins imposée chez les élus, mettant en avant la collégialité et la dialogue entre les groupes parlementaires. Son coup de maître : avoir assigné à l'agenda parlementaire la problématique des prisons et initié une trentaine de visites d'établissements pénitentiers, qui ont plutôt remué le ministère de la Justice.