Le militant qui a tourné les images du collaborateur d’Emmanuel Macron frappant un manifestant le 1er mai, il y a quelques mois à Paris, est revenu sur les faits.
Alexandre Benalla, ancien responsable de la sécurité de la campagne d’Emmanuel Macron, adjoint au chef de cabinet du président, aujourd’hui chargé de mission à l’Élysée, montre un visage particulièrement inquiétant sur la vidéo révélée par Le Monde. Taha Bouhafs militant des quartiers populaires et ex-candidat aux législatives de la France insoumise, avait rapidement posté les images sur son compte Twitter après la manifestation.
«C'est hyper violent»
«Des CRS courent, une fille se fait attraper et tirer par le cou, raconte le militant à Libération. Au même moment, un mec chauve en sweat-shirt attrape un gars avec plusieurs CRS, ils le traînent par terre et nous gazent pour éviter qu’on filme. Là, celui qui est identifié comme Alexandre Benalla arrive en courant, il attrape par le cou le gars qui est déjà à terre entouré de CRS. Il l’étrangle et lui met plusieurs coups de poing par derrière, c’est un tabassage en règle. La victime a du mal à respirer, se touche le ventre. On crie tous plusieurs fois d’arrêter, c’est hyper violent».
Le militant poursuit son récit : «Je m’approche d’Alexandre Benalla, je filme son visage et je dis : "Regardez son visage, il est en train de le tabasser par terre." Il me regarde et il se barre de peur d’être reconnu. Je l’avais déjà aperçu plusieurs fois durant la manifestation avec un brassard de police. J’ai rapidement publié la vidéo sur Twitter, sans savoir à quel corps de police il appartenait».
Pour Taha Bouhafs, «les jeunes des quartiers et les manifestants ont peur face à la police, et maintenant, on ne sait même plus qui porte un brassard, qui est derrière l’uniforme : demain, ce sera qui ? Un assistant parlementaire de la majorité présidentielle, un cousin germain d’Emmanuel Macron ? Ça fait froid dans le dos».
«Ça montre que quand on est conseiller d’Emmanuel Macron, on peut tabasser quelqu’un et être mis à pied quinze jours seulement. Est-ce que la sanction aurait été aussi légère si ça n’avait pas été un proche du président ?», s'interroge-t-il.