Grève et départs en vacances : l'appel à cesser le travail lancé par la CGT et SUD, toujours mobilisés contre la réforme ferroviaire, perturbe vendredi le trafic SNCF, alors qu'une nouvelle date de grève a déjà été annoncée.
Cette grève, qui se poursuivra samedi, frappe les deux premiers jours des grands départs en vacances d'été et intervient alors que la réforme de la SNCF a été promulguée le 28 juin. Elle supprime les embauches au statut de cheminot (au 1er janvier 2020), transforme la SNCF en société anonyme et organise l'ouverture à la concurrence (à partir de décembre 2019).
La SNCF a prévu quatre TGV et TER sur cinq, deux trains Intercités sur trois et trois trains Transilien sur quatre. Tous les voyageurs qui avaient effectué une réservation «ont été recontactés ces derniers jours par sms ou email» et «les billets restent remboursables et échangeables sans surcoût», a souligné la SNCF.
Mais Jacques Canuti, 75 ans, n'a «pas de portable» et n'a donc «pas reçu de message» d'annulation. Ce chaudronnier à la retraite, assis vendredi matin près d'une énorme valise en gare de la Part-Dieu, à Lyon, a dû «aller à la gare pour changer (son) billet». En partance pour un séjour dans sa Corse natale, il estime la grève «normale» car «ils défendent leur steak».
Le trafic est un peu moins perturbé vendredi que lors de la dernière journée de la grève unitaire à quatre organisations, le 28 juin. L'Unsa et la CFDT, les deux autres syndicats représentatifs du groupe, ont eux décidé de ne pas faire grève pendant la période des congés d'été.
Pour la suite, la CGT a annoncé la couleur : sa prochaine grève aura lieu le jeudi 19 juillet, jour de la «première réunion avec le patronat» pour négocier la convention collective nationale de la branche ferroviaire, a dit vendredi sur Cnews Laurent Brun, secrétaire général de la CGT Cheminots.
Les dates de grève suivantes seront dévoilées «au fur et à mesure», a confirmé M. Brun, qui en prévoit d'autres en août et «probablement» à la rentrée.
Ce mouvement n'aura «pas de point final tant que nous n'aurons pas les garanties que nous demandons depuis le début», a expliqué le leader syndical en dénonçant «la responsabilité du gouvernement» toujours «absolument intraitable», notamment sur la question du statut des cheminots.
«Heureusement, il y a les bus»
«Pour nous, la bataille est loin d'être terminée», a renchéri sur Radio Classique Philippe Martinez, le numéro un de la CGT. «Il y en a encore pour un petit moment si le gouvernement ne change pas son fusil d'épaule», a-t-il prévenu.
De son côté, SUD «consultera ses structures lundi lors d'une téléconférence. La décision de s'inscrire ou pas dans cette action décidée unilatéralement par la CGT sera prise à l'issue», a indiqué à l'AFP Fabien Dumas, secrétaire fédéral de SUD-Rail.
Déplorant «une grève qui ne sert à rien» puisque «la réforme est votée» et «la loi promulguée», la ministre des Transports Élisabeth Borne a appelé vendredi les syndicats «à la raison». «La SNCF est un grand service public» et les Français doivent pouvoir «partir sereinement en vacances», a-t-elle dit.
«Heureusement qu'il y a les bus. Eux, ils font leur beurre», notait Jeannine Robert, une voyageuse retraitée, dont le train au départ de Lyon Part-Dieu avait «30 minutes de retard». Pourtant «au début», elle n'était «pas trop d'accord» avec le développement des autobus qui «font plus de pollution».
Martine, grand-mère sexagénaire, est venue chercher ses petites-filles à la gare de Lille-Europe pour les emmener en Savoie. «Notre TGV, c'est bon mais on espère que ça ira pour le TER entre Lyon et Chambéry». Si cette ex-fonctionnaire a «compris au début» le mouvement de grève, «maintenant ça suffit» !, dit-elle.