Chapelet de volcans «endormis» depuis au moins 8.000 ans en Auvergne, l'emblématique Chaîne des Puys, a été inscrite lundi 2 juillet au patrimoine mondial par l'Unesco.
La décision a été prise lors de la 42ème session du Comité Mondial réuni depuis le 24 juin à Manama, au Bahreïn. Le classement porte sur la Chaîne des Puys - chapelet de 80 volcans âgés de 8.400 à 95.000 ans - et la faille de Limagne, vieille de 35 millions d'années et profonde jusqu'à 3.000 mètres.
«Le site illustre de manière exceptionnelle le phénomène de rupture continentale – ou rifting -, qui est l’une des cinq principales étapes de la tectonique des plaques», explique encore l'Unesco. Ce «haut lieu tectonique», situé à l'ouest de Clermont-Ferrand dans le parc des volcans d'Auvergne, regroupe une collection de sommets aux formes pures, très peu érodés, sur un axe nord-sud d'environ 32 km de long et 4 km de large. En forme de cône, de dôme ou de cratère, ces jeunes volcans sont considérés comme «endormis» mais les vulcanologues n'excluent pas qu'ils se réveillent un jour.
Deux refus
Parmi les édifices naturels les plus emblématiques, le Puy de Dôme, point culminant à 1.465 mètres qui a donné son nom au département, et le Puy de Pariou avec son cratère typique de volcan de type strombolien. Ce bien «illustre de manière exceptionnelle les processus et caractéristiques de la rupture continentale, un phénomène fondamental de l'histoire de la Terre», avait estimé l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) dans son dernier avis, en mai, proposant à l'Unesco de l'inscrire au Patrimoine mondial.
Pourtant, la partie était loin d'être gagnée pour la candidature auvergnate, qui a essuyé par deux fois un refus du comité de l'Unesco après deux rapports négatifs de cette même UICN. Si elle reconnaissait alors «l'intérêt et la valeur de ce site pour la communauté géologique scientifique spécialisée», l'ONG a estimé un temps que ses caractéristiques n'étaient «pas uniques» et semblaient «égalées», voire «mieux représentées, dans d'autres sites du monde».
La candidature française, lancée il y a onze ans, souffrait en effet de la comparaison avec de nombreux sites volcaniques inscrits depuis bien longtemps au patrimoine mondial.
Le cas de la «présence humaine»
Dans le collimateur de l'UICN également, les marques de présence humaine sur le site, remontant à l'antiquité avec notamment un temple gallo-romain, jusqu'à nos jours avec une antenne de télécommunication au sommet du Puy de Dôme. «On a démontré que sans cette présence humaine qui a entretenu le site, notamment par le pastoralisme, ces formes volcaniques uniques ne seraient plus visibles aujourd'hui», explique à l'AFP le président du conseil départemental du Puy-de-Dôme, Jean-Yves Gouttebel, à l'origine de la candidature.
Depuis le dernier échec en 2016, le critère de la beauté esthétique a été écarté du dossier de classement. Les porteurs du projet se sont attachés, dans leur nouvelle mouture, à recentrer la candidature sur son sous-sol et l'importance de son témoignage dans l'histoire de la Terre. Ils sont parvenus à convaincre qu'il constitue un «théâtre géologique unique où sont rassemblés tous les phénomènes à l’œuvre lorsqu'un continent se sépare et qu'un rift se forme».
La Chaîne des Puys est le premier bien naturel de l'Hexagone inscrit au Patrimoine mondial, les autres sites naturels classés se trouvant en Corse et outremer (Réunion, Nouvelle-Calédonie). La France dispose aussi d'un bien dit «mixte», à la fois naturel et culturel : le Mont-Perdu, à la frontière franco-espagnole. La candidature auvergnate a suscité localement une importante mobilisation, réunissant plus de 50.000 habitants, politiques, entreprises et personnalités publiques.