A 12 ans, le Breton Tom Goron a battu mercredi le record de la traversée de la Manche en solitaire en Optimist, en 14 heures et 20 minutes, un exploit salué par ses proches mais interdit par la réglementation maritime.
Parti à 07h00 mercredi des Needles, au large de l'île de Wight (Royaume-Uni), le jeune skipper a franchi la ligne d'arrivée à l'entrée de la rade de Cherbourg (Manche) à 21H20.
A son arrivée, Tom a brandi des feux de détresse et fait résonner sa corne de brume pour saluer ses supporters, à la manière des skippers professionnels. Les yeux pétillants, il a ensuite bu quelques gorgées de Champomy au goulot, tandis que ses admirateurs le photographiaient avec leur smartphone.
Aux journalistes, il a dit avoir envie d'un hamburger et d'aller se coucher. Il a raconté avoir eu le mal de mer durant la traversée et avoir vomi dix fois pendant son long périple. Tom Goron a parcouru les 60 milles nautiques (111 km environ) du parcours à la vitesse moyenne de 4,19 nœuds (soit 7,6 km/h), toujours encadré par son père à bord d'un voilier à distance raisonnable pour intervenir en cas de difficulté. Tous deux étaient en lien par radio tout au long de la traversée.
«L'arrivée a été une délivrance. Pendant 4 à 5 heures Tom a eu pas mal de vent et, à l'arrivée, le vent a tenu la dernière heure, mais il y avait aussi un courant traversier», a raconté Nicolas, son père, cité dans un communiqué. «Si je suis étonné de sa performance ? Pas tant que ça, oui, Tom est pugnace... !»
Le jeune garçon bat le précédent record établi en 2016 par Violette Dorange, alors âgée de 15 ans, qui avait fait la traversée en 14 heures et 56 minutes.
Rappel à la loi
A l'avenir, Tom a déclaré vouloir faire «comme François Gabart, la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro». «On verra dans 10 ans...», a-t-il cependant ajouté dans le communiqué.
«Je suis fière de lui, qu'il ait réussi, qu'il soit allé au bout et qu'il soit content. Il est têtu, ambitieux, persévérant et... il faut le suivre», a réagi sa mère, Sophie.
Dans la cale de l'école de voile, Tom a aussi été accueilli par... les gendarmes, qui ont vérifié son matériel de sécurité et adressé à ses parents un rappel à la loi. «Un Optimist, tout comme un canot pneumatique, est considéré comme une engin de plage qui navigue dans la bande côtière des 300 mètres», a expliqué à l'AFP la préfecture maritime de la Manche et de la Mer du Nord.
Sauf dérogation, «on ne peut aller en haute mer, c'est interdit», a ajouté la même source. Alertés par les médias, la Marine nationale et le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) en mer de Jobourg (Manche) ont suivi la progression du jeune skipper toute la journée de mercredi, se tenant prêts à intervenir en cas d'accident.
«La Manche est une mer dangereuse et encombrée par beaucoup de navires de commerce», a souligné la préfecture maritime, «C'est dommage de ne pas essayer de faire ça dans les règles pour assurer la sécurité de cet enfant.»
Né en 2006, habitant Aucaleuc (Côtes-d'Armor), Tom avait deux ans lorsqu'il est monté pour la première fois sur un Optimist. Il s'entraîne à Saint-Suliac (Ille-et-Vilaine), le centre nautique de Rennes. Minime cette année, il a terminé 6e sur 60 à la Coupe de Bretagne, dernière épreuve qualificative pour le championnat de France.