Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour CNEWS, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.
Mercredi 20 juin
Ainsi donc, face à une indignation générale et internationale, Donald Trump a reculé. Le traitement ignoble, impardonnable, insupportable, écœurant, qui était fait aux enfants (même aux nouveau-nés) des migrants que l’on séparait de leurs parents va cesser.
Le président des Etats-Unis qui foulait aux pieds toutes les «valeurs américaines», ce Donald Trump qui prétend ne jamais se tromper, était en train de commettre la plus grave erreur de son désastreux mandat. Le tir est corrigé, d’accord, mais pour combien de temps ? Cette volte-face «embarrassante» peut jouer un rôle, en novembre prochain, aux élections dites de «midterm». Je l’espère !
Jeudi 21 juin
Finalement, cette Coupe du monde de football, en Russie, sert peut-être d’antidote à de telles nouvelles. Si 60 % des Français se passionnent pour des matchs dans lesquels leur pays n’est pas concerné – Japon-Colombie ou Pologne-Sénégal –, ce n’est pas seulement par goût du sport le plus simple du monde, mais par besoin de se soustraire à tous les aléas de la vie quotidienne.
Et puis, il y a le ciel bleu qu’on attendait. Ça y est, c’est l’été, avec cette Fête de la musique inventée par Jack Lang et Maurice Fleuret – imitée dans d’innombrables autres pays. Cela fait trente-six ans que l’initiative a été prise, accueillie à l’époque avec scepticisme. Aujourd’hui, seuls les grincheux, les grognons, les bougons, les ronchonneurs, les geignards et les glapisseurs s’élèvent contre cette invasion musicale sous leurs fenêtres.
J’ai lu un article selon lequel la musique joue un rôle majeur dans le développement des enfants. Dans Le Monde du 19 juin, la journaliste Pascale Santi a publié une enquête très documentée. Il en ressort des vérités éclatantes :
- Les enfants qui pratiquent la musique voient leurs compétences scolaires progresser.
- La musique permet d’améliorer le langage et la lecture.
- L’éducation musicale devrait être renforcée à l’école.
Vendredi 22 juin
Sommes-nous définitivement entrés dans l’ère de l’anecdote ? Quand cette anecdote prend des dimensions médiatiques gigantesques, est-ce encore une anecdote ? Je m’explique : la rencontre, ce lundi, entre le président Emmanuel Macron et un lycéen continue de faire le bonheur des éditorialistes et surtout des réseaux sociaux.
La réplique du chef de l’Etat, suivie d’une petite leçon de morale et de civisme, déclenche les commentaires. Ce n’est plus une anecdote, me dit-on, puisque l’Élysée a souhaité communiquer à ce sujet et faire connaître l’ensemble de la séquence. Ce n’est plus une anecdote puisque, dans la phase actuelle du «Macron bashing», les oppositions politiques ont surenchéri dans la même direction : fallait-il autant «humilier» un gamin dépourvu de toute expérience dialectique ? Etc. Je me permets d’ajouter :
D’abord, ce qui est déplorable dans l’anecdote, c’est qu’elle occulte l’essentiel. Or, où étions-nous ce jour-là ? Au mont Valérien, une sorte de lieu sacré, là où l’on célèbre l’esprit de la Résistance, la France libre, les compagnons de la Libération. Un endroit et une date – le 18 juin, l’appel du général de Gaulle en 1940 – qui ne prêtent à aucune blague, aucun écart, fussent-ils dus à un lycéen frondeur. En ce sens, Macron a eu raison. Il y a des lieux et des moments où l’on ne plaisante pas avec le passé, avec l’essentiel.
Ensuite, et là, il y a matière à discussion. Fallait-il autant remettre le garçon à sa place ? Va-t-il subir je ne sais quel concert de reproches – ou compliments – dans sa vie de tous les jours, en particulier en classe ? Emmanuel Macron n’a aucun intérêt à se couper de la jeunesse – mais qui peut dire qu’il s’en coupe ? Et quelle autre partie de l’opinion publique a-t-il, peut-être, séduite ou gagné ? Il ne faut pas confondre le pays avec les réseaux sociaux.