Vérité, injustice, désir, culture, Montesquieu ou Schopenhauer... Les 558.000 candidats aux bacs général et technologique ont passé lundi l'épreuve de philo qui donne le coup d'envoi de l'examen, et exprimaient leur soulagement avant de se préparer pour les jours suivants.
Leurs cadets, en classe de Première générale ou technologique, se concentraient lundi après-midi sur des extraits d'oeuvres de grands auteurs français, avant une dissertation, un commentaire de textes ou un sujet d'invention.
«La poésie vise-t-elle seulement à idéaliser le quotidien?» (bac technologique), «La littérature vous semble-t-elle un moyen efficace pour émouvoir le lecteur et pour dénoncer les cruautés commises par les hommes?» (bac S et ES), ou encore «Un personnage de roman doit-il vivre ses passions pour captiver le lecteur?» (bac L).
A noter que les trois extraits du corpus à commenter, pour les candidats du bac L, ont tous des femmes pour auteur : Mme de La Fayette avec «La princesse de Clèves», Mme de Staël avec «Delphine» et Colette avec «La Vagabonde».
Les élèves de Terminale, eux, avouaient leur soulagement à l'issue de l'épreuve de philo, souvent redoutée par les jeunes.
A Strasbourg, Marion, en Terminale L, «en panique» avant l'épreuve, est sortie peu avant la sonnerie, «soulagée». «J'ai écrit sept pages, mais quantité ne rime pas forcément avec qualité», dit-elle avec une pointe d'inquiétude dans la voix.
Elle a choisi de répondre à «La culture nous rend-elle plus humain?» : «J'ai déjà oublié mon plan et mon argumentation, mais je sais que j'ai cité Hobbes et les guerres de religion», indique la lycéenne. «Maintenant c'est objectif histoire-géo», l'épreuve de mardi matin.
A Versailles, devant le lycée La-Bruyère, Gauvain, en Terminale L, a pris le commentaire d'un texte de Schopenhauer. «Le texte n'était pas évident», estime le jeune homme, qui se dit «soulagé» d'avoir passé cette première épreuve, mais sera encore «plus soulagé» après l'histoire-géographie, sa matière fétiche.
Aleksandar n'a pas attendu la fin des quatre heures d'épreuve au lycée polyvalent Paul-Eluard de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). «Mon cerveau, il a bloqué!», lance ce candidat au bac technologique STMG. Au bout de 30 minutes, «j'avais plus d'inspiration, je savais plus quoi dire». Bilan? «Bof».
Parmi les sujets proposés cette année : «Toute vérité est-elle définitive?» (ES), «La culture nous rend-elle insensible?» (L), «Eprouver l'injustice, est-ce nécessaire pour savoir ce qui est juste?» (S), des écrits de Schopenhauer (L), John Stuart Mill (S), Emile Durkheim (ES) ou Montesquieu (bac techno).
Nouvelle formule en 2021
Devant le lycée parisien Maurice-Ravel, Zinedine, en Terminale S, grille une cigarette et va maintenant «regarder la Coupe du monde et réviser l'histoire, vite fait». Il a été peu inspiré par le sujet sur l'injustice. «J'ai expliqué que c'est une des premières notions qu'on apprend dans la vie».
Malgré la grève des cheminots, «il n'y a pas eu d'épisode problématique cette année», selon le ministère de l'Education, qui a répertorié «quelques dizaines de retards» d'élèves sur tout le territoire mais ignore s'ils sont dus au conflit social. Ces retards n'ont jamais excédé une heure, soit le temps de retard maximum accordé aux candidats, a-t-on précisé.
Ils étaient 558.000 lycéens de Terminale et candidats libres à passer la philo, épreuve au programme des bacs généraux (S, ES et L) et technologiques. Les candidats au bac professionnel ont, eux, passé l'épreuve de français.
La plus jeune candidate a 11 ans et 10 mois (un record dans l'histoire de cet examen vieux de deux siècles) et le plus âgé 76 ans.
Cette année, 753.148 lycéens et candidats libres passent le bac dans 4.635 centres d'examens. Un nombre record, en hausse de 5% par rapport à 2017, qui s'explique par le baby-boom de l'an 2000 et une hausse du taux d'accès à ce niveau de diplôme.
Le bac sous sa version actuelle vit ses dernières années. Dès 2021, il adoptera une nouvelle forme : quatre épreuves écrites (dont la philo), un grand oral et 40% de la note finale basée sur les notes obtenues en contrôle continu.
Pendant la durée des épreuves du bac, la nouvelle plateforme d'accès au supérieur Parcoursup est suspendue, «pour que les candidats puissent se concentrer pleinement sur leurs révisions et leurs épreuves», selon le ministère de l'Enseignement supérieur. Pas de propositions et pas d'actualisation de listes d'attente à partir de lundi et jusqu'au mardi 26 juin.