Une femme voilée a blessé deux personnes au cutter dimanche dans un supermarché de la Seyne-sur-Mer (Var) en criant «Allah Akbar», avant d'être maîtrisée, les enquêteurs cherchant à déterminer si l'auteure des faits est radicalisée ou simplement psychologiquement déséquilibrée.
«C'est apparemment le fait isolé d'une personne avec des troubles psychiatriques avérés», a indiqué à l'AFP le procureur de la République de Toulon, Bernard Marchal, «pour autant ça n'exclut pas qu'elle soit radicalisée».
«Nous ne savons pas encore si ces faits sont terroristes mais ils sont en tous cas terrorisants, car cet homme qui n'avait rien demandé s'est fait agresser à la caisse d'un supermarché», a-t-il estimé.
L'auteure de l'agression, maîtrisée par les personnes présentes dans le supermarché, est en garde à vue «tant que son état le permet», selon M. Marchal.
Dimanche vers 10h30, un client qui patientait à la caisse du supermarché Leclerc du quartier des Sablettes à La Seyne-sur-Mer a subitement été blessé au couteau, au thorax, par cette femme de 24 ans qui criait «Allah Akbar», selon des témoins.
Une caissière qui se serait interposée, aurait aussi été blessée, selon une source proche du dossier. Les deux victimes, blessées superficiellement, ont été transportées à l'hôpital.
Selon cette même source, la jeune femme serait connue de la direction du magasin Leclerc pour «invectiver régulièrement ses employés pour des motifs insignifiants», et l'agression de dimanche pourrait résulter d'une altercation avec un client.
La jeune femme serait titulaire d'une carte d'adulte handicapé physique à 80% en raison de problèmes à la hanche.
Expertise psychiatrique en cours
Dimanche après-midi, les enquêteurs de la police judiciaire de Toulon cherchaient à déterminer le profil de cette jeune femme qui n'est pas connue pour radicalisation. Une expertise psychiatrique était en cours.
Le procureur attendait les résultats de la perquisition menée au domicile de l'auteure des coups de cutter. «Si la perquisition nous amenait à penser qu'elle a un lien avec Daesh ou permettait de démontrer des prolongements territoriaux de son action, on pourrait envisager une saisine du parquet antiterroriste», a-t-il affirmé à l'AFP.
En milieu d'après-midi, le parquet de Toulon restait saisi et évoquait une «présomption de tentative d'assassinat, et d'apologie du crime à connotation terroriste».
La France, sous menace constante depuis 2015, a été frappée deux fois cette année au cours d'attaques qui ont fait cinq morts. La vague d'attentats jihadistes en France a fait 246 tués en plus de trois ans. La dernière victime a succombé à une attaque au couteau dans le quartier de l'Opéra à Paris le 12 mai dernier.
La précédente attaque meurtrière s'était produite le 23 mars à Carcassonne et à Trèbes (Aude): Radouane Lakdim, 25 ans, avait volé une voiture à Carcassonne dont il avait abattu le passager et blessé le conducteur par balle. Il avait ensuite tiré sur des policiers devant leur caserne, avant d'entrer dans un supermarché à Trèbes où il avait tué un boucher, un client ainsi que le lieutenant-colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame, qui s'était offert comme otage à la place d'une femme.
Depuis 2017, les autorités politiques et judiciaires soulignent régulièrement les dangers d'une menace «endogène», incarnée par des personnes se radicalisant elles-mêmes en France en réponse aux mots d'ordre de Daesh sur internet.
Ces passages à l'acte s'expliquent en partie par le tarissement des filières de départ pour le jihad au Moyen-Orient et par la déroute militaire de Daesh dans ses anciens territoires d'Irak et de Syrie.
Deux projets d'attentats jihadistes, dont un visant un club libertin, ont par ailleurs été mis en échec en mai par les services de renseignements français, portant à cinq le nombre de passages à l'acte empêchés depuis le début de l'année.
Le Premier ministre Edouard Philippe avait évoqué en mars un total de 51 attentats déjoués depuis le début, en janvier 2015, de la vague d'attaques jihadistes sans précédent qui a frappé le pays.