Le groupuscule d'extrême droite Génération identitaire a déployé ce jeudi une banderole devant le Bataclan, salle dans laquelle doit se produire en octobre prochain le rappeur Médine, originaire du Havre (Seine-Maritime).
«Pas de rappeur islamiste au Bataclan», avaient indiqué des militants du groupuscule d'extrême droite, qui demandent l'annulation des deux concerts de l'artiste prévus les 19 et 20 octobre, dans la salle visée par un attentat le 13 novembre 2015. Ce jour-là, 130 personnes avaient trouvé la mort.
La polémique autour de la tenue des ces concerts est née début juin après des commentaires de militants d'extrême droite et du Rassemblement national de Marine Le Pen, puis a été reprise par des élus LR, dont Laurent Wauquiez, Valérie Boyer et Eric Ciotti. Ils lui reprochent une complaisance supposée avec l'islam radical et des textes controversés sur la laïcité.
Des paroles controversées
En cause, des paroles de Médine extraites de la chanson «Don't Laïk», sortie en janvier 2015, où il rappe notamment «Crucifions les laïcards comme à Golgotha» et l'affiche de 2005 pour son album «Jihad, le plus grand combat est contre soi-même». Issu de la scène underground du rap, Médine, 35 ans, traite notamment dans ses textes des questions brûlantes concernant la religion.
Génération identitaire s’est invité au Bataclan ce matin. pic.twitter.com/UAqK2P6S9N
— Alex Sulzer (@Alexsulzer) 14 juin 2018
Son titre «Don't Laïk» était sorti une semaine avant l'attentat commis contre Charlie Hebdo, le rappeur avait tenu à s'expliquer suite à ces événements. «Je me revendique de cet esprit outrancier, satirique au nom de la liberté d’expression pour pouvoir blasphémer une valeur lorsqu’elle est dévoyée, avait-il expliqué aux Inrocks. C’est ce que j’ai fait avec le morceau Don’t Laïk.» Ce lundi, il avait renouvelé ses «condamnations passées à l’égard des abjects attentats du 13 novembre 2015 et de toutes les attaques terroristes».
Son intervention sur les réseaux sociaux n'a, dans tous les cas, pas mis fin à la polémique puisque le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb n'exclut pas d'interdire les concerts. «Nous ne sommes pas maîtres de la programmation du Bataclan mais, comme vous le savez, tout ce qui peut amener un trouble à l'ordre public peut, dans les limites de la loi, pouvoir trouver une interdiction», a-t-il déclaré mercredi à l'Assemblée nationale.