Quatre jours après la mort de Kévin, 17 ans, poignardé à mort dans un parc à Mourmelon-le-Grand, dans la Marne, l'enquête a débouché sur la mise en examen pour assassinat de deux adolescents, soupçonnés d'avoir élaboré un véritable piège. Voici ce que l’on sait sur cette affaire.
Une agression violente
C’est dans le parc du Bois des Sœurs, situé entre l'église et la mairie de Mourmelon, vers 15h, que O., élève de première L, a donné rendez-vous à Kévin, lycéen de terminale S. Selon France 3, les deux ados sont «presque» ensemble. Un homme les croise et tente de faire tomber la jeune fille. Kévin prend des coups et riposte, mais l’inconnu finit par prendre le dessus. Au final, une vingtaine de coups de couteau dont deux coups mortels aux poumons avec une lame de 18 cm sont donnés à Kévin, sui succombe à ses blessures.
D’importantes contradictions relevées
Suite à la description de la jeune fille, seul témoin direct de la scène de crime, les gendarmes sont à la recherche d’«un homme de couleur de peau 'type' basanée». Sur les réseaux sociaux, les commentaires racistes pleuvent, et Marine Le Pen saisit l’occasion en tweetant : «Le principal suspect est issu de l'immigration. Je refuse de m'habituer à cette barbarie qui tue la jeunesse de France». Son message est par la suite supprimé, car le profil du suspect ne correspond aucunement à celui décrit par O. Les «importantes contradictions» de son récit sont rapidement mises en lumière par les enquêteurs.
Un suspect arrêté
C’est à la reprise des cours qu’un camarade d’un élève remarque qu’il a des blessures. Ce dernier est arrêté dans la soirée à son domicile et une perquisition est menée. Sa sœur cadette est interrogée et révèle aux enquêteurs que son frère lui a avoué le meurtre. Matthieu Bourrette, procureur de la République de Reims, explique que le jeune homme «lui avait déclaré avoir agi de la sorte à la demande de O. qui souhaitait se débarrasser de Kévin qui, selon elle, la harcelait».
Dans sa chambre, les gendarmes découvrent l'arme du crime, «un couteau des années 1940, qui utilisé par les militaires de l'armée américaine», précise le parquet, ainsi que des vêtements tachés de sang. Des analyses confirment que son ADN correspond à celui perdu par l'agresseur de Kévin dans sa fuite. L’adolescent finit par passer aux aveux mercredi 6 juin.
Mensonges et faux alibi
La jeune fille est à son tour mise en examen, car le suspect affirme qu’ils ont planifié ensemble le meurtre de Kévin quatre jours auparavant. A. se trouvait à proximité tandis que O. devait donner rendez-vous à Kévin. «A. devait alors simuler le vol du sac de la jeune fille pour conduire Kévin à intervenir et ainsi le poignarder à mort», détaille le procureur. «Il était également prévu que la jeune fille soit légèrement blessée pour donner plus de crédit à l'agression.»
Le plan semble machiavélique, puisque les deux jeunes, sachant qu’un appel à témoin serait lancé, avaient recherché sur internet la photo d'un suspect potentiel. A. avait même tenté de se fabriquer un alibi en mettant en ligne des photos de ses chaussures de sport avec la mention «J'ai bien couru. Lol». En apprenant l'arrestation de A., O. semble avoir paniqué, appelant à deux reprises les gendarmes pour leur dire qu'elle avait peur de A et qu’elle craignait qu’il ne lui fasse porter le chapeau.
L'adolescente est à son tour placée en garde à vue mais fait un malaise. Elle a juste le temps, avant de défaillir, d'indiquer qu'«elle avait rencontré le mis en cause une heure avant les faits» et que «c'était lui seul qui avait fomenté l'agression pour la libérer de l'emprise de son petit ami», affirmant ne jamais avoir souhaité la mort de la victime.
Un mobile flou
Les raisons du meurtres de Kévin ne sont toujours pas claires. D'après ses premières déclarations, le suspect aurait voulu aider son amie à se débarrasser de Kévin, avec qui elle continuait d'entretenir une relation ambiguë, affirmant être «harcelée» par lui.
Le meurtrier présumé ne se dit pas «amoureux» de la jeune fille, contredisant les témoignages de leur entourage. Pourtant, l’enquête a prouvé qu'«il est de notoriété publique qu'A. était épris de O».