Salaires, effectifs, réformes en cours... 139.000 manifestants ont été recensés dans toute la France, selon des chiffres du ministère de l'Intérieur.
La place Beauvau a comptabilisé 124.000 manifestants lors de 180 actions en province et 15.000 manifestants à Paris (16.400 selon le comptage réalisé par le cabinet Occurrence). La précédente journée de mobilisation, le 22 mars, avait réuni 323.000 personnes au total dans la rue, selon le ministère de l'Intérieur.
Les mécontentements s'accumulent chez les fonctionnaires, qui répondaient à l'appel des syndicats de fonctionnaires pour la défense du statut des agents et les services publics.
Des manifestations dans tout le pays
Entre 130 et 140 manifestations étaient organisées partout en France. A Paris, le cortège est parti à 14H de la place de la République pour rejoindre la place de la Nation. Les leaders de la CGT, de Force Ouvrière (FO) et de la CFDT défilent ensemble pour la première fois depuis 2010, lors de la contestation contre la réforme des retraites. Outre Philippe Martinez, Pascal Pavageau et Laurent Berger, étaient également présents Luc Bérille (Unsa), François Hommeril (CFE-CGC) et Philippe Louis (CFTC).
Des cheminots à nouveau dans la rue
Alors que le conflit à la SNCF dure, des cheminots pourront se joindre localement aux cortèges. Dans l'immédiat, seul SUD Rail a formellement annoncé sa participation. La journée restera pour autant «clairement identifiée fonction publique», a insisté Mylène Jacquot (CFDT). Les trois versants de la fonction publique - État, territoriale et hospitalière - sont appelés à faire grève. Des perturbations sont notamment à prévoir dans les écoles, les services à la petite enfance, les vols et l'énergie.
Déjà réunies pour une première journée de mobilisation le 10 octobre, les fédérations CGT, CFDT, FO, Unsa, FSU, Solidaires, CFTC, CFE-CGC et FA de la fonction publique, représentant les 5,7 millions d'agents publics, n'avaient pas lancé d'appel unitaire depuis une dizaine d'années. Une unanimité d'autant plus remarquable que des élections professionnelles auront lieu en décembre prochain.
Le 22 mars, la CFDT et l'Unsa ne s'étaient pas jointes à la mobilisation, qui avait rassemblé plus de 300.000 personnes dans les rues, pour laisser une chance à la concertation qui venait d'être annoncée par le Premier ministre. Mais à l'ouverture officielle de celle-ci fin mars, toutes les organisations ont dénoncé les orientations du gouvernement, qui constituent selon elles une «attaque» du statut de fonctionnaire: simplification du dialogue social, extension du recours aux contractuels, part accrue de rémunération au mérite et accompagnement des mobilités de carrière, y compris vers le secteur privé.
une mobilisation «sous les meilleurs auspices»
Ces projets, qui doivent déboucher sur un projet de loi au 1er semestre 2019 et auxquels s'ajoutent les inquiétudes entourant le futur rapport d'experts CAP 22, qui dégagera des pistes d'économies, ont continué d'attiser la tension qui règne depuis l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron. L'exécutif a successivement confirmé la suppression de 120.000 postes de fonctionnaires d'ici 2022 et annoncé la ré-instauration du jour de carence, le gel du point d'indice servant au calcul de leur rémunération, ainsi que le report d'un an du plan de revalorisation des carrières (PPCR).
La mobilisation, qui se présente «sous les meilleurs auspices» au vue des «remontées», selon Jean-Marc Canon (CGT), entend ainsi peser sur le rendez-vous salarial prévu mi-juin, alors que tous les syndicats dénoncent un manque de dialogue social.
Mais au-delà de ces sujets propres aux agents, la contestation porte «un sujet de société», a appuyé Denis Turbet-Delof (Solidaires), dénonçant «une remise en cause fondamentale de l'organisation même la fonction publique». Symboliquement, 3.000 cartes postales plaidant pour la défense du service public de proximité seront envoyées à l'Élysée mardi par la ville de Dieppe (Seine-Maritime).
Pour tenter de sensibiliser le public à leur cause, les syndicats ont diffusé une «lettre aux usagers» des services publics. «Il ne s'agit pas [...] d'une mobilisation sectorielle et catégorielle de 'privilégiés'», écrivent les syndicats, mais de «défendre les services publics et les valeurs qu'ils incarnent : laïcité, égalité, gratuité, indépendance, solidarité».