Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne (Marne) a ordonné vendredi une nouvelle expertise pour «déterminer le tableau clinique» de Vincent Lambert, 41 ans, hospitalisé dans un état végétatif depuis 2008.
Dans un communiqué, les juges ont estimé «nécessaire» cette étape avant de se prononcer «définitivement» sur l'arrêt des soins décidé par le CHU de Reims le 9 avril et contesté par les parents du patient. Cette expertise «devra déterminer si le tableau clinique que présente Vincent Lambert a évolué depuis 2014, date de la dernière expertise réalisée par le Conseil d'État», ont-ils indiqué.
Des médecins ont pourtant fait «le constat du caractère incurable des lésions», de «l'altération de l'état de santé général» et de «la totale dépendance à l'alimentation et à l'hydratation artificielles» du patient, avait rappelé Me Pierre Desmarais, l'avocat du CHU, jeudi à l'audience devant le tribunal administratif, saisi en référé par les parents de Vincent Lambert.
«Obstination déraisonnable»
Au terme d'une nouvelle procédure collégiale - la quatrième en cinq ans - le Dr Vincent Sanchez avait décidé de l'arrêt des traitements, alertant sur «l'obstination déraisonnable» faite au patient, devenu «un corps souffrant» selon lui.
Ses parents, catholiques fermement opposés à l'euthanasie passive, ainsi que certains membres de sa famille, sont convaincus qu'il peut être rééduqué car il est capable d'émettre des vocalises, de déglutir et de communiquer avec les siens, assurent-ils, vidéos à l'appui. «Mon fils n'a pas mérité d'être affamé et déshydraté (...) Vincent est handicapé mais il est vivant», a ainsi écrit Viviane Lambert dans une tribune adressée au président de la République.
La nouvelle expertise sera réalisée par «un collège de trois médecins» qui devront se prononcer «de façon indépendante et collégiale» sur l'état du patient, a précisé le tribunal.
Malgré les décisions judiciaires successives favorables à l'arrêt des traitements, jusqu'à celle de la Cour européenne des droits de l'Homme en juillet 2015, son applicabilité a toujours été entravée par des recours en justice successifs et des pressions sur l'équipe médicale: trois procédures collégiales avortées et deux médecins écartés en cinq ans.