La grève entamée par les syndicats entraîne de nombreuses perturbations. Un conflit qui pourrait s’éterniser.
Des heures d’attente, des quais bondés, et une vaste pagaille. Les cheminots ont tenu parole, mardi, lors de la première journée pleine de leur grève menée contre la réforme de la SNCF. Un mouvement, l’un des plus suivis de ces dix dernières années, avec un taux de grévistes estimé à 33,9 %, qui a fortement chamboulé le quotidien des Français. Ces derniers devraient rencontrer les mêmes difficultés mercredi, avec seulement un TGV prévu sur 7, un TER et un Transilien sur 5, selon les prévisions de l’entreprise ferroviaire. Et si trois jours d’accalmie sont attendus à partir de mercredi, la reprise des blocages, dimanche et lundi, fait craindre un bras de fer sans fin entre l’Etat et les grévistes.
Deux camps face à face
D’un côté comme de l’autre, la même volonté de ne pas céder. Le gouvernement «tiendra bon», a affirmé, mardi, la ministre des Transports, Elisabeth Borne. Un message de fermeté répété par le Premier ministre lui-même. Car si Edouard Philippe, a assuré, face aux députés, entendre «autant les grévistes» que «ceux qui veulent aller travailler», il a également rappelé vouloir «engager une réforme ambitieuse du monde ferroviaire (...), parce que le statu quo dans lequel nous sommes installés n’est pas acceptable».
En face, les cheminots, soutenus par une partie de l’opposition, campent sur leur position. Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a notamment demandé au gouvernement de «repartir d'une feuille blanche» pour le «service public ferroviaire». Avec la même menace en toile de fond : faire durer la lutte au maximum, pour faire plier l’exécutif. C’est le «commencement d'un bras de fer social comme le pays en a peu connu», a donc annoncé Jean-Luc Mélenchon, leader de la France Insoumise, présent parmi les manifestants qui ont défilé mardi à Paris. Mais cette guerre d’usure aura-t-elle vraiment lieu ? «Il est encore difficile de se projeter sur sa durée et de savoir qui va gagner», estime Rémi Bourguignon, chercheur au Cevipof. Reste que, selon le spécialiste, Emmanuel Macron «refuse de politiser le débat» et tient un «discours de gestionnaire qui peine à convaincre» l’opinion publique et sa famille politique.
Un duel au long cours
Mais davantage que les responsables des deux camps, ce seront, finalement, les passagers eux-même qui détermineront la durée et l’ampleur de cette bataille. «La dynamique du mouvement est liée à l’opinion», souligne ainsi Rémi Bourguignon, ajoutant qu’il faudra attendre «une dizaine de jours» pour pouvoir réellement savoir comment se positionne la population. D’autant que de nombreux ponts sont prévus dans les prochaines semaines, et avec eux des déplacements qui pourraient virer au calvaire, sachant que le mouvement est prévu sur trois mois.
Le sondage le plus récent, publié dimanche par le JDD, montrait que 46% des personnes interrogées soutiennent l'action menée par les cheminots. Mais cette enquête avait été réalisée avant le début du mouvement et ses résultats pourraient rapidement évoluer dans les semaines à venir, au gré des galères à répétition.