Le gouvernement et les syndicats entrent, avec le début de la grève des cheminots, dans un bras de fer important concernant la réforme de la SNCF. Le sociologue Stéphane Sirot, du Cevipof, analyse la teneur de conflit.
Comment s’annonce le bras de fer qui oppose les cheminots au gouvernement ?
Pour l’instant on a un rapport de force qui se dessine avec un gouvernement, qui, de manière classique au début des mouvements sociaux, dit qu’il ne cédera pas. Tout dépend de ce que ce mouvement va donner. On a, de l’autre côté, des syndicats qui restent unis et paraissent déterminés. Les taux de grévistes annoncés se rapprochent de ceux du conflit de novembre 1995. Ce sont les ingrédients d’un conflit qui s’annonce comme un des plus durs de ces vingt dernières années.
Le mouvement social va-t-il perdurer ?
Tenir trois mois c’est toujours très difficile. On peut supposer qu’avant ce délai, le gouvernement ou les syndicats auront fait des concessions. Je ne pense pas que le conflit ira jusqu’au mois de juin. Ce qui va être déterminant c’est la capacité des cheminots à sortir de l’enclavement dans lequel l'Etat veut les mettre. A savoir que la stratégie gouvernementale est d’isoler les cheminots pour que leur mouvement ne s’agglomère pas avec tous les autres autour. L'exécutif va devoir affronter un printemps social naissant sur fond de prise de recul de l’opinion vis-à-vis du pouvoir.
Les grévistes peuvent-ils tenir sans le soutien des Français ?
Le soutien de l’opinion publique est fondamental, étant donné que leur mouvement a un impact sur le déplacement de la population. Et on voit qu’elle fait un mouvement vers les cheminots. L’opinion n’est, cependant, pas encore cristallisée. On a surtout entendu la communication gouvernementale mais pas les propositions alternatives des cheminots. C’est dans les semaines qui viennent que l’on va savoir où se positionnent les Français, qui restent très partagés.