Les cheminots entament lundi soir leur «bataille du rail» contre le projet de réforme d'un gouvernement déterminé à ne pas céder, malgré l'opposition unitaire des syndicats et un mouvement de grève longue avec de fortes perturbations.
La semaine sociale sera en tout cas chargée, avec des grèves également prévues chez Air France, mardi et samedi à l'appel de onze syndicats, mais aussi dans le ramassage des déchets, l'énergie et le gaz, cette fois à l'initiative de la seule CGT.
A la SNCF, lundi à 19h, ce sera le début de la grève par épisodes de deux jours sur cinq, initiée par la CGT, l'Unsa et la CFDT, jusqu'au 28 juin. SUD-Rail appelle lui à une grève illimitée, reconductible par 24 heures, à partir de 20h lundi.
Mardi, un TGV sur huit et un TER sur cinq circuleront par un TGV sur huit circuleront. En régions, un TER et un Transilien sur cinq en circulation en moyenne, a annoncé dimanche l'entreprise ferroviaire, parlant d'un trafic «très perturbé».
«Des lignes seront fermées»
Prédisant une mobilisation de grande ampleur, le président de la SNCF Guillaume Pepy a prévenu que «des lignes seront fermées». «Cette grève sera très pénalisante pour nos clients», dit-il dans le Journal du Dimanche.
Le mouvement «a été pensé pour avoir un maximum d'impact sur le trafic et être le plus économe possible pour les grévistes», estime le patron de la SNCF.
Vendredi, Guillaume Pepy avait évoqué comme «une fourchette possible» la circulation d'«un train sur cinq ou un sur huit», certains syndicats évoquant même un train sur dix.
De source gouvernementale, on dit s'attendre «à un mouvement social très lourd, très fort, avec un impact très dur sur les usagers du train». Dimanche dans Le Parisien, la ministre des Transports Elisabeth Borne a fustigé l'attitude «incompréhensible» des syndicats.
Mais avec 46% de Français trouvant le mouvement «justifié» selon un sondage Ifop pour le Journal du dimanche, le soutien à la grève progresse de 4% en deux semaines, les partisans de la réforme restant légèrement majoritaires (51%).
Les cheminots sont appelés à croiser le fer contre la suppression de l'embauche au statut des cheminots SNCF, les modalités d'ouverture à la concurrence ou encore la transformation de la SNCF en société anonyme, ce qui ouvre la voie à une future privatisation, selon les syndicats.
D'autres grèves
Le projet de réforme «vise à détruire le service public ferroviaire par pur dogmatisme idéologique» et «ne règlera pas le sujet de la dette, ni celui des dysfonctionnements», affirment-ils dans leur préavis.
Face à ces critiques, le gouvernement joue la carte de la concertation, multipliant rencontres bilatérales, séances plénières et interventions médiatiques.
«Personne ne peut comprendre que les syndicats de cheminots engagent une grève longue et pénalisante alors que le gouvernement est dans le dialogue», estime Mme Borne.
Dans le même temps, l'exécutif devra surveiller la mobilisation annoncée dans l'énergie, à partir de dimanche et «jusqu'au 28 juin», par la première organisation du secteur, la FNME-CGT, qui a calqué son calendrier sur celui des cheminots.
Un préavis de grève couvrira toute la période mais le mouvement pour «un nouveau service public de l'électricité et du gaz» ne devrait se traduire que ponctuellement, à travers des baisses de production par exemple.
Les fédérations CGT des Transports et des Services publics lancent par ailleurs un appel à la grève dans l'ensemble de la filière déchets à partir de mardi.
Elle devrait toucher notamment Paris et sa région, celle de Marseille, Montpellier, ainsi que l'Est et le Nord, selon la CGT qui réclame la création d'un «service public national» des déchets, ainsi que la «reconnaissance de la pénibilité» du travail.
Air France, enfin, sera touchée mardi puis samedi par ses quatrième et cinquième journées de grève en un mois et demi.
Onze syndicats de tous métiers exigent une augmentation générale des salaires de 6%, jugeant trop faible celle programmée dans l'année (+0,6% au 1er avril et +0,4% au 1er octobre). La direction juge la revendication déraisonnable et vante les «200 millions d'euros» redistribués au global, augmentations individuelles et intéressement compris.