C'est une mini-révolution de l'histoire de la mobilité parisienne qui pourrait se jouer très prochainement, si les transports en commun devenaient entièrement gratuits, et ce, alors que cela n'avait jamais été fait à Paris.
Alors qu’Anne Hidalgo, la maire socialiste de la capitale, a annoncé ce mardi vouloir «lancer le débat autour de la question de la gratuité des transports en commun à Paris», les réactions des rangs politiques de tout bord n’ont pas tardé.
Car si la compétence des transports est régionale, rien n’empêche la maire, comme elle l’a fait récemment pour les handicapés et les seniors à faibles revenus, d’appliquer cette exonération aux Parisiens, dans les trains, métros, trams et bus.
Je souhaite que nous lancions une étude sur la #gratuité des #transports en commun pour tous les Parisiens : il ne s’agit pas de trancher cette question mais d’objectiver le débat, notamment pour savoir s’il existe un modèle économique qui rendrait ce projet réalisable. #Paris
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) 19 mars 2018
Mais, pour les élus franciliens, pas question de laisser se creuser de telles inégalités de traitement entre les habitants de la capitale et ceux de la banlieue. Valérie Pécresse, présidente LR de la région, a notamment regretté hier que l’édile parisienne laisse de côté «les autres départements, dont la prospérité ne permet pas de financer une telle mesure».
Si celle qui est aussi la présidente d’Ile-de-France Mobilités (ex-Stif) a assuré être «ouverte aux idées neuves», elle a néanmoins fait part de son inquiétude à propos du volet financier de ce projet. «Il ne doit pas y avoir un euro en moins de recettes pour Ile-de-France Mobilités», a ainsi prévenu Valérie Pécresse.
Gratuité #transports: je suis ouverte aux idées neuves mais à 2 conditions : 1) pas 1€ en moins pour financer les transports! La vente de tickets = 3Mds/an, qui va les payer? 2) pas de traitement différent entre Parisiens & banlieusards ce serait injuste & inefficace #pollution
— Valérie Pécresse (@vpecresse) 20 mars 2018
Or, aujourd’hui, sur les dix milliards d’euros que coûte chaque année le fonctionnement des transports franciliens, 28 % sont financés par les usagers. La gratuité représenterait donc un manque à gagner de près de trois milliards d’euros par an.
Interrogée à ce sujet, Anne Hidalgo a estimé hier qu’il faudrait en effet regarder «d’autres sources de financement», évoquant la possibilité de créer des péages urbains aux portes de Paris.