L'intersyndicale de la SNCF a appelé ce jeudi soir à faire grève «deux jours sur cinq à compter du 3 avril».
La grève est «un peu décalée par rapport à la concertation qui est engagée» a commenté Guillaume Pépy, patron de la SNCF, qui s'est par ailleurs engagé à publier chaque jour à 17h la liste des trains qui circuleront le lendemain.
Vent debout contre la réforme de la SNCF annoncée par le gouvernement, les quatre syndicats du secteur (CGT, Unsa, SUD-Rail, CFDT) se sont réunis ce jeudi afin d’acter, ou non, le principe d’une grève reconductible. Depuis l’annonce, par Edouard Philippe, le 26 février dernier, d’une grande réforme du système ferroviaire, présentée mercredi en Conseil des ministres, les cheminots exprimaient leur mécontentement autant sur le fond que sur la forme.
Une lutte se prépare
Philippe Martinez, le leader de la CGT, a été le premier à lancer les hostilités en présentant, mardi, au Premier ministre, son «contre-projet». Le syndicaliste est ensuite ressorti de Matignon très remonté, déclarant que l’Etat avait «choisi l’affrontement». La confrontation pourrait donc déboucher sur une large grève. L’Unsa est en effet prête «au bras de fer», tandis que SUD-Rail souhaite un mouvement «reconductible et dur». Cette mobilisation qui se profile suscite l’inquiétude. L’ombre des énormes grèves de décembre 1995 plane, quand le gouvernement d’Alain Juppé avait entrepris, lui aussi, de réformer le rail français. A l’époque, la suppression du statut des cheminots pour les nouveaux engagés - au programme de la réforme actuelle - était déjà envisagée. Pour le secrétaire général adjoint de la CGT-Cheminots, Thierry Nier, qui rejette aussi l’ouverture à la concurrence ou la sous-traitance des missions, l’Etat réalise une «politique anti-ferroviaire».
En plus du contenu, c’est aussi la forme du «projet de loi pour un nouveau pacte ferroviaire»qui inquiète les cheminots. Le Premier ministre Edouard Philippe a, en effet, déclaré vouloir passer par les ordonnances, une décision visant à accélerer le processus et vue comme une provocation. Une première démonstration de force, à laquelle ont aussi prévu de participer les agents de la RATP, est en tout cas attendue le 22 mars, en même temps que la journée d’action des fonctionnaires.
Un nouveau test pour Macron
La colère des cheminots, au pouvoir de blocage important, pourrait constituer un défi majeur pour le gouvernement. «On va construire le mouvement social de 2018. Les cheminots ne se désintéressent pas de leur avenir et ont besoin d’être reconnus», avait affirmé Thierry Nier.
Et si Emmanuel Macron a réussi, avec les ordonnances réformant le Code du travail à éviter des mobilisations importantes, rien ne prouve qu’il en sera à nouveau ainsi. D’autant que le chef de l’Etat doit actuellement faire face à une grogne sociale plus large. Après les gardiens de prisons ou les personnels de santé, ce sont les retraités qui descendent dans la rue jeudi. Le mouvement des cheminots pourrait être celui de trop.