Le président de la SNCF, Guillaume Pepy, a minimisé mardi le risque de grève et nié toute volonté de privatisation, tandis que les défenseurs des «petites lignes» donnaient de la voix en pleines consultations du gouvernement sur la réforme de la compagnie ferroviaire.
Sur la radio franceinfo, Guillaume Pepy s'est dit «persuadé que l'écoute, la concertation, la négociation [allaient] permettre d'éviter une grande grève», soulignant l'intérêt des cheminots «à ce qu'il y ait un avenir pérenne pour la SNCF».
«Plus il y a de concertations, moins il y a de tensions», a ajouté M. Pepy, reconnaissant toutefois «l'inquiétude» présente chez les cheminots, après la présentation la semaine dernière du rapport Spinetta, qui lance une quarantaine de pistes de réformes pour la SNCF, dont la fin du statut de cheminot à l'embauche.
Interrogé sur la possibilité d'une privatisation de la SNCF, son président a fermement écarté cette hypothèse : «J'ai entendu parler ici ou là de privatisation. Même pas en rêve !», s'est-il exclamé avant de souligner que le rapport élaboré par l'ancien patron d'Air France-KLM suggérait de transformer la SNCF, établissement public, en «société nationale, qui ne peut pas être privatisée».
Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, majoritaire chez les cheminots et qui a manifesté son opposition déterminée aux idées contenues dans le rapport, a annoncé dès vendredi une mobilisation le 22 mars.
L'éventuelle transformation de cette mobilisation en grève nationale dépendra des annonces du Premier ministre Edouard Philippe, a-t-il précisé mardi matin sur Europe 1, demandant à rencontrer le chef de l'exécutif.
M. Martinez suggère «un plan de financement pour moderniser» le réseau ferré français et revendique des «citoyens égaux dans leur accès à la mobilité», alors que le rapport Spinetta pose la question de la desserte des zones rurales.
Le gouvernement poursuivait mardi des consultations entamées la veille autour des pistes de réforme.
Reçue dans la matinée par Edouard Philippe, la principale association d'usagers des transports s'est dite «inquiète» de la remise en cause de «petites lignes» ferroviaires, réclamant qu'un «grand nombre» d'entre elles soit maintenu.
«Grandes d'un point de vue local»
Si le rapport contient «des bonnes choses», «il nous inquiète sur les petites lignes», a déclaré Bruno Gazeau, président de la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut) à sa sortie de Matignon, en soulignant que «les petites lignes sont petites vues de Paris, mais elles sont grandes d'un point de vue local».
De son côté, la ministre des Transports Elisabeth Borne rencontrait les présidents des Conseils régionaux, dont certains ont fait part de leur inquiétude sur le même sujet. Dans son rapport, M. Spinetta relève que ces lignes représentent «16% des concours publics au secteur ferroviaire», pour «moins de 2% des voyageurs».
Le porte-parole du parti Les Républicains, Guillaume Peltier, a mis en garde le gouvernement, lui demandant de «ne suivre en rien les recommandations du rapport Spinetta sur la question des lignes du quotidien. Nous serons avec les Républicains des défenseurs acharnés de la France des provinces et de ce droit fondamental pour tous les travailleurs dans les territoires de se déplacer».
Le député LREM Matthieu Orphelin a de son côté souligné sur Sud Radio que «dans le rapport Spinetta il n'est pas dit qu'il faut fermer toutes les petites lignes non rentables en France».
Lundi, M. Philippe avait reçu à Matignon M. Pepy, Frédéric Saint-Geours, président du conseil de surveillance de la SNCF, et Patrick Jeantet, PDG de SNCF Réseau -- l'entité chargée d'exploiter et de gérer les infrastructures du rail français.
Les quatre syndicats représentatifs de la SNCF ont pour leur part rencontré séparément lundi Mme Borne pour lui présenter leurs «limites» quant aux pistes évoquées.
Jean-Cyril Spinetta, a dit mardi espérer qu'à l'issue des concertations, «des décisions raisonnables, qui sont celles que recommande le rapport, pourront prévaloir».
«Cette réforme est indispensable» a-t-il lancé sur CNews, mettant en garde contre un «déclin inéluctable», voire une «mort lente» de la SNCF si aucune mesure n'était prise pour lui permettre de "gagner des parts de marché dans un environnement concurrentiel».