Après une période très difficile, le Front national entend se reconstruire de fond en comble, lors de son 16e congrès, samedi 10 et dimanche 11 mars, à Lille (Pas-de-Calais).
La formation d’extrême droite, qui s’est vue aux portes de l’Elysée avant d’être reléguée au simple rang d’opposition une fois les élections passées, semble en effet plus que jamais en perte de vitesse. Ainsi, 70 % des Français se disent en désaccord avec ses idées, soit huit points de plus qu’à la même période, en 2017, selon un récent sondage Kantar Sofres. «Nous sommes à un tournant de l’histoire de notre mouvement», a reconnu elle-même sa présidente, Marine Le Pen.
Un parti en quête de neuf
Ces neuf derniers mois ont été un parcours du combattant pour le FN, battu à la présidentielle (33,9 % au second tour) et déçu par son score aux législatives (8 députés). Première difficulté, les défections. Après la députée Marion Maréchal-Le Pen, qui a quitté en mai la scène électorale, sans pour autant rompre avec le parti, c’est le vice-président, Florian Philippot, qui a démissionné, en septembre, pour fonder son mouvement, Les Patriotes. Sans compter le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan qui, rallié aux frontistes pour le second tour de la présidentielle, s’en est, depuis, désolidarisé.
Se sont ajoutés des démêlés avec la justice. Fin juin, Marine Le Pen a été mise en examen pour abus de confiance dans l’enquête sur des emplois fictifs présumés d’assistants d’eurodéputés.
La famille Le Pen s’est, en outre, déchirée. Dans ses mémoires, le fondateur du FN, Jean-Marie, qui devrait officiellement perdre son statut de président d’honneur ce week-end, s’est montré très dur, exprimant sa «pitié» pour sa fille. Et, selon lui, si les Le Pen ont «marqué l’histoire politique», le FN survivrait à l’avènement d’un autre nom.
Autre difficulté du parti, selon le sociologue Jean-Yves Camus : «Une ligne qui apparaît de plus en plus poreuse sur certains sujets, comme la sortie de l’euro.» C’est donc dans une optique de reconquête que Marine Le Pen veut faire adopter ce week-end, par les militants, de nouveaux statuts pour le FN.
Alors que le principe d’un changement de nom [pas encore dévoilé] a déjà été validé, hier, les élus du comité central – le parlement du parti – seront présentés lors du congrès. Seule candidate à sa succession, la présidente devrait être reconduite pour un troisième mandat de trois ans. Son but pour l’avenir : «S’implanter, s’allier, gouverner», en présentant une liste commune des «nationaux» contre les «mondialistes» aux européennes de 2019. Le tout pour «transformer ce parti d’opposition en parti de gouvernement».
Un avenir incertain
Reste que de nombreux obstacles subsistent. Marine Le Pen est contestée dans ses rangs, depuis son débat «raté» – selon ses termes – de l’entre-deux-tours. Le parti souffre, en outre, d’un «manque de professionnalisation» de ses cadres, et d’une «faible implantation locale», selon Jean-Yves Camus. D’autant plus que le FN est concurrencé tant par Les Patriotes de Florian Philippot que par Les Républicains de Laurent Wauquiez. Un paysage qui pourrait contraindre Marine Le Pen à radicaliser son discours pour se démarquer, quitte à repenser la stratégie de «dédiabolisation» engagée depuis sept ans.