L'ancien président et cofondateur du Front national Jean-Marie Le Pen a déclaré lundi qu'il ne «se rendrait pas» au congrès de son parti, dont il a été exclu, les 10 et 11 mars à Lille.
«Je ne me rendrai pas à Lille parce que je ne veux pas me rendre, si peu que ce soit, complice de l'assassinat du Front national qui va s'y dérouler», a déclaré sur RTL M. Le Pen, qui avait pourtant menacé de s'y présenter en recourant si besoin à la «force publique».M. Le Pen a été exclu du FN en 2015 par sa fille Marine, qui lui a succédé à la présidence du FN en 2011, après de nouveaux propos polémiques sur la Shoah. Cette décision a donné lieu à une longue bataille judiciaire entre le père et la fille.
La justice a confirmé le 9 février l'exclusion de M. Le Pen de son parti mais l'a maintenu dans sa qualité de président d'honneur de la formation d'extrême droite. Cette décision de la cour d'appel de Versailles pourrait devenir caduque au congrès, lors duquel les militants du FN voteront sur de nouveaux statuts du parti qui suppriment le poste de président d'honneur, créé en 2011.
«Je demande à tous mes amis qui souhaitaient venir (...) à Lille pour me soutenir (...) de ne pas le faire. Je n'irai pas à Lille. Je ne veux pas être, si peu que ce soit, complice de l'opération de force qui a été annoncée par le secrétaire général (Steeve) Briois, qui a dit qu'il s'opposerait de vive force à mon entrée», a précisé M. Le Pen.
M. Briois avait indiqué que le FN interdirait l'accès du congrès à M. Le Pen au motif que ce dernier n'était plus adhérent du parti. L'ancien président du FN a déclaré que «non», il ne parlait plus à sa fille et qu'il considérait son exclusion comme «une injustice majeure». Le changement de nom souhaité par Marine Le Pen, «c'est la mort du FN», a en outre estimé Jean-Marie Le Pen.
«J'en suis infiniment triste parce que le Front national, ce n'est pas seulement le président ou la présidente du Front national. Ce sont des milliers et des milliers de gens qui ont fait beaucoup de sacrifices et qui ont donné beaucoup d'eux-mêmes, qui ont suscité beaucoup d'espoir. Et malheureusement, cette grande aventure me semble compromise par les volontés de Marine Le Pen», a-t-il affirmé.
Il a dit «espérer» que sa fille lise le premier tome de ses mémoires à paraître le 1er mars «parce qu'elle y apprendra beaucoup plus de choses qu'elle ne croit. Parce qu'elle croit savoir, mais elle ne sait pas». L'ancien responsable politique, âgé de 89 ans, a reconnu avoir «un peu» peur de la mort. «C'est une perspective qui ne m'agrée guère. Je suis plutôt un partisan de la vie qu'un partisan de la mort», a-t-il expliqué.
M. Le Pen a présidé le FN de 1972 jusqu'à l'élection de sa fille en 2011. L'ancienne finaliste à la présidentielle de mai a initié une refondation du parti qui est contestée par son père.