Des opposants au projet d'enfouissement des déchets nucléaires de Bure (Meuse) et les forces de l'ordre se sont de nouveau brièvement affrontés dimanche après-midi aux abords du bois Lejuc, évacué il y a dix jours.
Au lendemain d’échauffourées dans la même zone samedi, une centaine de personnes, la plupart masquées, a repris dimanche la direction du bois Lejuc encerclé par les forces de l'ordre. Certains manifestants ont lancé des projectiles en direction des gendarmes mobiles, qui ont fait usage de gaz lacrymogène, a constaté une journaliste de l'AFP.
Assez rapidement, les opposants ont été repoussés vers une route départementale, où ils ont tenté d'ériger une barricade, avant d'être tous redirigés vers le village de Mandres-en-Barrois d'où ils étaient partis en fin de matinée.
Huit personnes non identifiées ont été interpellées pour «participation sans arme à un attroupement après sommation de se disperser» et certains «pour violences aggravées», a-t-on appris auprès du parquet de Bar-le-Duc.
Pas de blessés
Samedi après-midi, des affrontements, sans incident grave, avaient déjà eu lieu entre les forces de l'ordre et environ 300 manifestants (400 selon les organisateurs) lorsque le cortège s'est approché du bois Lejuc, épicentre de la contestation au projet Cigéo d'enfouissement des déchets nucléaires français les plus radioactifs. Un arrêté préfectoral avait interdit toute manifestation dans la zone.
«Vingt-six comités de lutte» se rencontrent ce week-end dans une grange de Mandres-en-Barrois, un rassemblement prévu de longue date mais qui a pris une autre dimension avec l'évacuation du bois Lejuc le 22 février. Une quinzaine d'opposants qui occupaient ce bois depuis l'été 2016 avaient été évacués à l'aube lors d'une opération surprise menée par 500 gendarmes.
Ce site, vaste de 221 hectares, a été retenu par l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) pour y procéder à des forages exploratoires avant de déposer en 2019 une demande d'autorisation formelle de création du site de stockage des déchets nucléaires.
Le futur Centre industriel de stockage géologique, dont la phase pilote doit démarrer en 2025, vise a enfouir à 500 m sous terre les déchets les plus radioactifs du parc nucléaire français.
Après une nuit calme, des groupes d'opposants au nucléaire avaient relié, dimanche matin, à pied Bure, où se situe la Maison de résistance, leur lieu de vie, à Mandres-en-Barrois. Des gendarmes mobiles étaient positionnés le long du trajet. «La bataille va s'articuler entre des manifestations offensives, déterminées, une visibilité médiatique et des recours juridiques», avait expliqué en fin de matinée à l'AFP un opposant anti-nucléaire qui se fait appeler Jérôme, satisfait de la mobilisation.