«L'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, c'est fini» : des milliers d'opposants sont attendus samedi sur la ZAD pour fêter «la victoire de l'abandon» de ce projet quinquagénaire et réaffirmer leur détermination à gagner une deuxième bataille, celle de la gestion collective des terres «sauvées du bétonnage».
Des militants anti-NDDL venus de toute la France, mais aussi d'Europe, doivent converger à la mi-journée sur ce territoire bocager de 1.650 hectares, pour y célébrer, à l'appel du mouvement très hétérogène des anti-aéroport, la fin officielle de ce projet né dans les années 1960, devenu le vecteur de l'opposition à d'autres programmes d'infrastructures.
Annoncé le 17 janvier par l'exécutif, l'abandon du nouvel aéroport nantais est devenu définitif vendredi avec l'expiration du décret qui le déclarait d'utilité publique (DUP), signé il y a dix ans.
Pour célébrer cette «victoire après une bataille de plus de cinquante ans», les anti-aéroport ont prévu une «fête démesurée» : dans une ambiance carnavalesque, des milliers de personnes, voire «des dizaines de milliers» selon les organisateurs, doivent déambuler dans la ZAD, accompagnées de fanfares et de chars, et festoyer jusque tard dans la nuit, autour de cinq scènes musicales.
«Ce sera une fête grandiose, inouïe, hors norme. Comme la lutte», prédit Geneviève Coiffard, membre de la Coordination des opposants, qui regroupe une soixantaine de structures, associations, syndicats et partis politiques.
«Enraciner l'avenir»
Le point d'orgue de cette mobilisation est attendu vers 15H00, dans un champ de la ferme de Bellevue, occupée depuis janvier 2013 par un collectif de paysans anti-aéroport, où sera brûlée une grande effigie de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
Ce «jour de carnaval», fête symbolisant la fin de l'hiver et l'arrivée du printemps, marque «la genèse de l'avenir du bocage», selon le mouvement anti-aéroport, qui porte un projet collectif de gestion de l'usage des terres de la ZAD, comme cela s'est fait au Larzac après l'abandon du projet d'extension du camp militaire.
Sous le mot d'ordre «Enracinons l'avenir», les manifestants sont appelés à venir chacun avec un arbre ou une plantation, une action symbolique mais aussi un signal fort envoyé à l’État, alors que la préfète de la région Pays de la Loire, Nicole Klein, s'apprête à ouvrir les négociations sur le devenir agricole du site.
«Le moment le plus enthousiasmant et exaltant, il commence aujourd'hui. Il faut qu'on montre qu'on reste complètement déterminés à continuer à prendre soin de ce bocage», explique une occupante de la ZAD sous couvert du prénom mixte «Camille».
Cette démonstration de force vise aussi à «réaffirmer le refus des expulsions»après le 31 mars, date butoir fixée par l’État pour que les occupants illégaux rentrent «dans la légalité». «Ce serait absurde que demain l’État se venge sur ceux qui ont lutté ici et qui y vivent depuis des années et qui ont toute légitimité à rester», souligne un autre zadiste.
«Il faut que les discussions sur les terres se passent dans un climat serein, donc sans expulsions. On a tous signé un pacte, on défendra tous les lieux de vie si expulsions. Notre force, c'est notre diversité et notre capacité à résister tous ensemble», appuie Cyril Bouligand, membre du collectif de paysans «Copain 44».
Refusant de parler de «victoire» après l'abandon du projet d'aéroport, une frange de zadistes radicaux opposés à la «normalisation de la zone» organise un rassemblement «off», près de l'ex-«route des chicanes», qui servira de parking samedi. Cette même minorité avait bloqué en fin de semaine dernière les premiers travaux de remise en état de la route par le conseil départemental, assurés depuis lundi en présence d'un grand nombre de gendarmes mobiles.
A une vingtaine de kilomètres plus au sud, les «riverains en colère» de l'aéroport de Nantes tenteront eux aussi de faire entendre leurs voix. Soutenus par les associations qui étaient favorables au transfert de la plateforme à Notre-Dame-des-Landes, ils appellent à une manifestation à 11H00 à Bouguenais, contre la «haute trahison de l’État».