Décrit comme timide et réservé, Jonathann Daval, qui a avoué le meurtre de sa femme après trois mois passés à jouer au mari éploré, n'avait pourtant rien du profil d'un tueur dissimulant son crime.
«Gentil», «très serviable», «sérieux» et «apprécié» dans son travail, les connaissances de l'informaticien de 34 ans ne tarissaient pas d'éloges sur l'homme aux yeux clairs et cheveux noirs soigneusement coiffés en brosse. La plupart le pensaient «incapable de faire ça».
«Jonathann, je l'ai connu tout petit. C'était quelqu'un de timide qui ne parlait pas beaucoup, il n'était pas du tout violent», a raconté à l'AFP une voisine de la mère de Jonathann.
Né le 16 janvier 1984, il a grandi à Velet, juste à côté de Gray-la-ville (Haute-Saône), où il a été arrêté. Orphelin de père et issu d'une famille nombreuse de sept enfants, ce sportif avait épousé en 2015 Alexia, avec laquelle il était en couple depuis environ dix ans. Les deux jeunes gens, qui partageaient une passion pour la course à pied, s'étaient installés dans la maison rose des grands-parents de la victime.
«Elle était ma première supportrice, mon oxygène, la force qui me poussait à me surpasser lors de mes challenges physiques», avait-il déclaré, chancelant, lors de la marche blanche qui avait réuni près de 10.000 personnes en hommage à Alexia.
Le jour des obsèques, le père de la jeune femme blonde et souriante avait souhaité à tout le monde «un gendre comme Jonathann».
«Pas le profil d'un tueur et pourtant...»
«C'est un garçon extrêmement calme et constant. Peut-être un peu replié, mais jamais les adjectifs de colérique, impulsif ou violent n'apparaissent dans ce dossier», décrit également Jean-Marc Florand, l'avocat des parents d'Alexia, qui ont soutenu à bout de bras et entouré affectueusement leur gendre après la mort de leur fille.
L'avocat évoque aussi un homme «ayant une personnalité moins forte que celle d'Alexia».
Sur la piste du meurtrier présumé, les enquêteurs de la Section de recherches (SR) de la gendarmerie de Besançon ont étudié avec attention les rouages du couple. Effacé, parfois «humilié verbalement», l'époux pouvait «avoir la sensation d'être diminué», explique une source proche du dossier, écartant en revanche à ce stade de l'enquête l’existence de violences physiques entre les conjoints.
«Ils avaient une relation de couple avec de très fortes tensions. A un moment, il y a eu des mots de trop, une crise de tropv et il a «explosé», estime Me Randall Schwerdorffer, son avocat. «Il a essayé d’être ce gendre parfait, il n'a pas réussi...»
Pour l'avocat des parents de la victime, «un brave garçon comme Jonathann Daval n'a pas le profil d'un tueur et pourtant...», il a étranglé sa femme «à mains nues, ce n'est pas un accident».
Caché derrière le gentil mari, publiquement éploré, s'est révélé un fin metteur en scène: après avoir tué son épouse, il l'aurait habillée en joggeuse, emmenée dans la nuit, cachée dans un bois, avant de la brûler (ce qu'il réfute).
Le matin du meurtre, il aurait envoyé un SMS du portable d'Alexia à la soeur de celle-ci, disant qu'elle partait courir. Jonathann Daval s'est ensuite rendu à son travail, blaguant, puis dans sa famille et dans celle d'Alexia, prévenant finalement la gendarmerie à 12H30 en affirmant que la jeune femme était partie courir et qu'elle n'était jamais revenue.
D'après Me Florand, «la comédie qu'il a jouée lui coûtera très cher (...) pour le reste de sa vie».