Le procès de Jawad Bendaoud, surnommé «le logeur de Daesh», va commencer ce mercredi 23 janvier. Il sera jugé avec deux autres suspects, pour son rôle lors des attentats du 13 Novembre.
De quoi est accusé Jawad Bendaoud ?
Jawad Bendaoud est jugé pour «recel de malfaiteurs terroristes» et «non dénonciation de crime terroriste». Pour rappel, le 18 novembre 2015, il avait révélé en direct sur BFMTV être le propriétaire de l’appartement où les deux jihadistes, Abdelhamid Abaaoud et Chakib Akrouh, ont été tué lors de l’assaut du Raid et de la BRI. Les juges d’instruction estiment que l’homme savait très bien qui il hébergeait et était conscient de la dangerosité de ces hommes.
Il risque 6 ans de prison et 90.000 euros d’amende.
Qui sont les deux autres suspects jugés ?
L’homme qui sera jugé pour les mêmes faits que «le logeur de Daesh», est Mohamed Soumah. Il est accusé d’avoir été contacté par Hasna Aït Boulahcen, la cousine de A.Abaaoud tuée dans l’assaut du raid. Elle aurait demandé à Mohamed Soumah un hébergement pour son cousin et son complice, C.Akrouh. Mohamed Soumah aurait alors mis en lien les terroristes avec Jawad Bendaoud. Il risque la même peine que ce dernier.
Le troisième à être jugé sera Youssef Aït Boulahcen, le frère de Hasna Aït Boulahcen. Il est accusé de ne pas avoir dénoncé sa sœur, venue en aide aux jihadistes. Il risque 5 ans d’emprisonnement.
Qui assistera au procès ?
C’est le premier procès en rapport direct avec les attentats, ce qui demande une grande organisation. 350 victimes assisteront au procès, elles demandent toutes réparation. «On est dans une attente très forte. Ma réflexion a été longue mais je souhaite y assister pour découvrir la vérité (…) S’ils ont hébergé des terroristes, pourquoi ils l’ont fait en âme et conscience. Est-ce qu’ils peuvent avoir une prise de conscience qu’ils hébergeaient des personnes qui vont faire du mal à d’autres humains», exprime à BFMTV, Bley Mokono, blessé par un des kamikazes de Saint-Denis.
Les victimes seront représentées par plus de 150 avocats. Face au grand nombre de personnes présentes, la présidence du tribunal de grande instance de Paris a choisi d’ouvrir trois salles. La première salle sera réservée à la présidente du tribunal, ses assesseurs, les trois accusés et leurs avocats, quelques victimes et leurs conseils puis une dizaine de journalistes. Ils assisteront à l’audition depuis la salle de la 16e chambre correctionnelle. Les deux autres salles retransmettront le procès sur un écran.
Comment se sont organisés les 150 avocats ?
Trois semaines de procès, c’est long. Mais les avocats doivent être efficaces afin de ne pas perdre de temps. Alors pour éviter la redondance des questions, ces derniers ont préparé ensemble le procès. Des groupes de travail se sont formés où chacun s’est concentré sur différents thèmes. Ils se sont également organisés pour qu’à chaque journée de procès, des avocats de chaque groupe soient présents.
«On essaye de regrouper si ce n'est l'intégralité des avocats de parties civiles, en tout cas une majorité, pour travailler main dans la main, se répartir des thèmes de plaidoiries», explique maître Helena Christidis au micro de Europe 1. Avant d’ajouter : «Je pense que c'est assez rare, mais je pense surtout que ça permettra que le procès se passe le mieux possible, c'est l'intérêt de tout le monde aujourd'hui».
Quelle sécurité pour le procès ?
L’année dernière, Jawad Bendaoud, à l’époque jugé pour trafic de stupéfiants, avait fortement perturbé son procès, insultant les policiers qui le surveillaient et arrivant dans la salle en hurlant. Les magistrats avaient été obligés de l’expulser de la salle du tribunal.
Pour que le procès se déroule au mieux, les magistrats ont ainsi demandé une protection particulière. Des forces de l’ordre surveilleront les lieux, à l’intérieur comme à l’extérieur de la salle d’audience.