L'écrivain et chroniqueur de l'émission On n'est pas couché Yann Moix a interpellé Emmanuel Macron dans une tribune publiée lundi dans le journal Libération. Il accuse, sans détour et preuves à l'appui, les forces de police «d'actes criminels envers les exilés» à Calais (Pas-de-Calais).
«J'affirme, Monsieur le Président, que des fonctionnaires de la République française frappent, gazent, briment, humilient des adolescents, des jeunes femmes et des jeunes hommes dans la détresse et le dénuement», écrit Yann Moix dans sa lettre. Afin d'appuyer ses propos, il a publié en même temps une vidéo, - extraite d'un documentaire qui sera diffusé en mai sur Arte - , montrant ce qu'il décrit. «Je l'ai vu et je l'ai filmé», insiste-t-il.
«Vous menacez de saisir la justice si les faits dénoncés ne sont pas avérés. Voici donc, monsieur le Président, les images des conséquences obscènes de votre politique», poursuit Yann Moix. Sur les images diffusées, les spectateurs peut voir de jeunes migrants être gazés par les forces de l'ordre ou soignés après des attaques à la bombes lacrymogènes. De même, des interviews de migrants, d'habitants voire de CRS accréditent l'usage de gaz à Calais.
«(...) et vous êtes indigne de votre fonction»
«Ces actes de barbarie, soit vous les connaissez et vous êtres indignes; soit vous les ignoriez, et vous êtes indigne de votre fonction», écrit-il dans le corps de sa tribune. Allant encore plus loin : «vous avez instauré à Calais, monsieur le Président, un protocole de la bavure. Quand une police agit aussi unie, pendant si longtemps, elle ne peut le faire sans se plier à un commandement. Est-ce bien vous, monsieur le Président, qui intimez aux policiers l'ordre de déclencher ces actions souillant la dignité humaine? Vous y avez répondu vous-même : 'Dans la République, les fonctionnaires appliquent la politique du gouvernement'».
Yann Moix conclut sa tribune virulente, telle une mise en garde, par les mots suivants: «vous pouvez porter plainte contre moi pour diffamation ; la postérité portera plainte contre vous pour infamie».
La préfecture du Pas-de-Calais répond à Moix
Pointée du doigt, la préfecture du Pas-de-Calais n'a pas tardé à répondre à l'auteur avec une série de tweets.
#Calais #migrants @libe l'usage du gaz lacrymogène se fait dans le respect de la réglementation. Il est utilisé pour mettre fin aux tentatives d'intrusion sur la rocade, sur les sites du port et du tunnel sous la Manche et pour stopper les débordements et les rixes entre migrants https://t.co/ODHipd9KPl
— Préfet Pas-de-Calais (@Prefet62) 21 janvier 2018
#Calais #migrants @libe le gaz lacrymogène est utilisé pour mettre fin également aux tentatives de montées dans les poids-lourds. Il ne se fait pas en direction des points d'eau ou pendant la distribution des repas
— Préfet Pas-de-Calais (@Prefet62) 21 janvier 2018
#Calais #migrants @libe les #policiers n'exercent pas de violences physiques à l'encontre des migrants
— Préfet Pas-de-Calais (@Prefet62) 21 janvier 2018
#Calais #migrants @libe Si des faits de violences policières sont avérés, ils seront condamnés et leurs auteurs sanctionnés
— Préfet Pas-de-Calais (@Prefet62) 21 janvier 2018