Suite au coup de gueule d'un professeur de français sur un groupe facebook privé, et rendu public il y a deux jours, la polémique ne désenfle pas sur Twitter.
«L'éducation nationale a besoin d'enseignants ayant du tact», «aucune sympathie pour les collègues qui méprisent leurs élèves», «le problème c'est le prof, pas ses élèves» ou encore «ça mérite une démission».
Sous le hashtag #OuiOuiGate, plusieurs centaines d'internautes, dont bon nombre se disent eux-mêmes enseignants, ont vivement commenté la publication du professeur de collège.
Je pense pas que la condescendance aide beaucoup, prendre les élèves pour des cons les aidera pas à progresser. Et un chapitre par jour mine de rien ça peut être un rythme difficile à suivre, surtout en période scolaire...
— Iron Kid (@Owen_C_V) 18 janvier 2018
Bah oui traitons les élèves avec mépris, ça va les faire aimer la lecture et établir une relation saine élève-prof c'est sûr :/
— Sermus on Ice (@Sermus_) 18 janvier 2018
J'ai honte d'avoir des collègues aussi abrutis, petits autocrates épongés d'un mépris à toute épreuve. Le problème, c'est le prof, ici, pas les élèves. Et afficher cela sur internet, quelle bassesse. Et la lie de Twitter qui vient poser son petit commentaire... Vous faites gerber
— Jxan Bxlmontet (@LeBxteauSxbre) 18 janvier 2018
C'est tellement minable de se rassurer à bon compte en méprisant nos jeunes et en soutenant les comportements qui les humilient !
— Stéphanie de Vanssay (@2vanssay) 19 janvier 2018
Les élèves ne sont pas plus idiots qu'il y a 20 ans. La seule différence c'est qu'il y a des gens comme vous. Des gens persuadés qu'on peut faire progresser les élèves en ne les incitant pas à toujours faire mieux et plus. Toutes les difficultés scolaires se surmontent
— CeZoJu (@cezoju64) 19 janvier 2018
Désespéré par le niveau de ses élèves de 5e, auxquels il avait tenté - sans succès - de faire lire «Les Royaumes du Nord» de Philip Pullman, le professeur a décidé de se «venger» en préparant un contrôle de lecture sur l'oeuvre «Oui-Oui à la ferme».
Avec beaucoup d'ironie, il propose dans cette nouvelle interrogation des questions appelant à des réponses évidentes. La première partie du contrôle, par exemple, ne contient que des questions dont la réponse est «Oui». «Si les questions sont trop difficiles, écris ton nom sans te tromper pour avoir la moitié des points», précise l'enseignant à un moment, avant demander aux élèves combien de jambes et de bras a le personnage de Oui-Oui. L'énoncé de l'examen s'achève par cette phrase : «Si tu as fini et que tu n’es pas trop fatigué, tu peux lire Les Royaumes du Nord».
Publication d'un professeur de français (au bout de sa vie) confronté à sa classe d'élèves de cinquième. Suivie de l'interro qui annule et remplace celle initialement prévue sur "Les Royaumes du Nord" de Philip Pullman. pic.twitter.com/P4EkfZ3q3t
— Eléonore de Vulpillières (@EdeVulpi) 18 janvier 2018
Publié sur un groupe Facebook fermé, traitant de questions d'éducation, ce «faux contrôle» était pour l'enseignant un moyen de se défouler, de dénoncer avec humour la baisse du niveau des élèves de collège en lecture.
La journaliste qui l'a relayé assure ainsi au Figaro qu'il n'a jamais été question de le distribuer réellement aux enfants. «C’était un coup de gueule humoristique d’un prof désespéré, mais il ne voulait pas être méchant envers ses élèves» assure-t-elle.
Jugée méprisante et cruelle par bon nombre de personnes, cette publication a toutefois été saluée par d'autres internautes, qui disent comprendre et partager le désarroi de l'enseignant.
Pas surpris de voir qu'un truc comme le #OuiOuiGate vous fasse autant réagir pendant que la suppression de postes dans l'éducation vous paraisse si acceptable.
— Romain Vincent (@RomainHG) 20 janvier 2018
Les #pédagogos appellent l’auteur du #OuiOuiGate à la démission, sans jamais prendre en compte le contexte.
Les mêmes prétendent se soucier des conditions de travail des #profs à coup de baromètre UNSA.
Une bien belle bande de fumiers !!!— Prof de Lycée Pro (@PROFdeLyCpro) 20 janvier 2018
Le #OuiOuiGate, une caisse de résonance.
Le masque desdits bienveillants est absolument pathétique et grimaçant.
Une telle incapacité à prendre du recul - à faire montre ici d'humour -se met le doigt dans l'oeil et sur ce qu'ils sont.
Ils parasitent l'éthique.— J.-S. Philippart (@jsPhilippart) 20 janvier 2018
je ne blâmerai pas le collègue du #OuiOuiGate s’il existe vraiment.
Je comprends ce qu’il peut ressentir, ce moment où l’on se heurte à l’inertie et au désintérêt des élèves. On se sent juste inutile.
Il comprendra bientôt que sa réaction était inutile.— Abbé Cordillère (@AbbeCordillere) 20 janvier 2018
Apparemment le gars qui a fait la blague #ouiouigate se retrouve à devoir fermer son compte facebook. Pour mémoire, c'était une publication rageuse et désespérée dans un groupe privé de profs, évidemment pas un véritable contrôle destiné aux élèves.
— Hululle (@hululle) 20 janvier 2018
Alors...
J AAAAADOOOORE
J ai enregistré l.image pour la montrer à mes collègues
Pour tes élèves, tu peux peut-être leur donner qqes infos
- un jour on vous demandera un truc compliqué, y en a 2 là (ceux qui ont lu le livre) qui prendront le salaire
Parce que pour les autres...— Moi ☆ (@LyneBorder) 18 janvier 2018
Affolé par l’accumulation de messages et de réactions, l'enseignant à l'origine du coup de gueule a supprimé sa publication sur le groupe Facebook, avant de changer son nom et prénom sur le réseau social. Il a ensuite fini par supprimer son compte, précise le quotidien.
«Il craint des représailles pour ce qui n’était qu’une tentative d’humour faite sous la colère» explique la journaliste.