Le 15 décembre prochain, la mairie de Paris organise une journée contre la grossophobie. L'occasion de faire le point sur cette forme de discrimination.
Pas encore dans le dictionnaire, la grossophobie est définie par le Wiktionnaire comme une «aversion ou attitude hostile envers les personnes en surpoids, grosses ou obèses». Autrement dit, il s'agit d'une forme de peur (phobie), d'animosité et de rejet des personnes en surpoids, généralement assortie à toutes sortes de préjugés : celles-si seraient «sales», «fainéantes», «goinfres» ou encore en mauvaise santé.
Si les personnes qui en sont victimes reçoivent des remarques désobligeantes sur leur apparence de la part de leurs proches ou de simples passants, il faut savoir que cette discrimination s'étend à différents domaines, rappelle le site BuzzFeed. Car bien qu'elle soit officiellement proscrite par la loi, elle demeure compliquée à démontrer dans les faits.
Selon une étude menée par le Défenseur des droits et l'Organisation internationale du travail, les femmes obèses sont huit fois plus discriminées à l’embauche en raison de leur apparence physique, que celles dont l'indice de masse corporelle (IMC) se trouve dans la norme. Quant aux hommes obèses, ils sont quant à eux trois fois plus discriminés.
«On justifie habituellement cela par le fait qu’on ne souhaite pas que les gens en surpoids soient en contact avec le public, pour éviter de donner une mauvaise image de l’entreprise, mais il se trouve que cette discrimination concerne également les postes ne nécessitant aucun contact avec l’extérieur», précise Gabrielle Deydier, auteure de «On ne naît pas grosse», dans une interview accordée à Psychologies.
«Un médecin m'a hurlé dessus»
Le milieu médical n'est pas non plus épargné. S'il est évident qu'une surcharge pondérale peut avoir des conséquences sur la santé d'un patient, de nombreux médecins y font allusion avant même de poser un diagnostic. Ce qui peut conduire à des erreurs médicales, accentuer le mal-être de la personne discriminée, et inciter ces dernières à éviter tout contact avec les médecins.
Et des témoignages allant dans ce sens, il y en a des centaines. Comme celui de la blogueuse Daria Marx : «Je me souviens particulièrement d'un médecin qui m'a hurlé dessus dans son cabinet en me disant que j'étais grosse et que j'allais mourir d'une crise cardiaque à 20 ans et que je devrais avoir honte. Je devais avoir 8 ou 9 ans.»
De son côté, la militante Américaine Ali Thompson, à l'origine du Tumblr ok2befat, se souvient d'être sortie en larmes d'un rendez-vous avec son médecin. Pendant un examen gynécologique, celle-ci lui a fait des commentaires «vicieux et méchants» sur son poids, insistant sur le fait qu'il est «dégueulasse d'être gros».
Pour répondre à cette problématique le collectif Gras politique met à disposition sur son site une liste de médecins «sûrs», autrement dit ayant «un comportement éthique et non grossophobe», et une liste de médecins «non sûrs», ainsi qu'une brochure analysant la grossophobie en milieu médical.
En juin dernier, une étude américaine relayée par Libération révélait que le nombre de personnes obèses a doublé dans 73 pays du monde depuis 1980. En France, un adulte sur deux est en surpoids, selon la dernière publication du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l’agence nationale de santé publique.