Les 234.000 électeurs corses votent ce dimanche pour choisir les soixante-trois élus d'une nouvelle instance qui naîtra le 1er janvier de la fusion des deux conseils départementaux et de la collectivité territoriale (région), une élection où les nationalistes sont favoris au premier tour.
«J'attends des nouveautés, que la Corse bouge un peu», a confié à l'AFP Patrice Nassibian, un restaurateur de 64 ans et l'un des tout premiers électeurs à voter dans ce bureau de vote d'Ajaccio, installé dans la mairie.
Sept listes sont en lice pour ce premier tour. Le second aura lieu dimanche 10 décembre. Les précédentes élections territoriales, en décembre 2015, avaient débouché sur la victoire historique de la coalition nationaliste des autonomistes de Gilles Simeoni et des indépendantistes de Jean-Guy Talamoni qui avait obtenu 35,34% au second tour. Cette coalition, nommée Pè a Corsica (Pour la Corse), formée dès le premier tour cette année, fait à nouveau figure de favorite du scrutin.
Un véritable statut d'autonomie dans les trois ans
L'accord de mandature entre le parti de Gilles Simeoni, Femu a Corsica (Faisons la Corse), et celui de Jean-Guy Talamoni, Corsica Libera (Corse libre), écarte l'idée de l'indépendance. Il vise à obtenir un véritable statut d'autonomie dans les trois ans et sa mise en œuvre effective dans les dix ans.
Vendredi, Jean-Guy Talamoni a martelé sur RTL qu'il n'y avait «personne parmi les nationalistes qui réclamait un scrutin d'indépendance dans les dix ans qui viennent», écartant ainsi une hypothèse susceptible d’inquiéter l’électorat.
Gilles Simeoni, président sortant du conseil exécutif de Corse, estime que la coalition Pè a Corsica est capable de séduire l'électorat corse. «Depuis deux ans, nous avons élargi notre électorat au-delà de la famille nationaliste, comme l'a montrée l'élection cette année de trois députés de notre mouvement» sur les quatre que compte l'île, a-t-il déclaré cette semaine.
Certains nationalistes, adeptes d’une ligne plus dure, pourraient se tourner vers le parti indépendantiste U Rinnovu. Le parti mené par Paul-Felix Benedetti espère mobiliser la jeunesse militante et ainsi dépasser les 5%. Dans le but de fusionner avec une autre liste au second tour.
«La République c’est la démocratie»
À droite, deux des listes pourraient, celles de Jean-Martin Mondoloni (droite régionaliste) et de Valérie Bozzi (soutenue par Les Républicains) pourraient fusionner au second tour. Jean-Charles Orsucci, candidat affilé à LREM refuse pour sa part l’idée d’une coalition contre les nationalistes : «hors de question de s’inscrire dans un front républicain, la République c’est la démocratie», a-t-il déclaré à l’AFP.
La gauche, pour sa part, ne présente qu’une seule liste, menée par Jacques Casamarta (Corse insoumise). Cette liste commune PCF-Insoumis est soutenue par Pierre Laurent mais a été désavouée par Jean-Luc Mélenchon.
De son côté, le Front National espère placer plusieurs élus dans cette nouvelle instance, en profitant notamment du très bon score de Marine Le Pen (en tête avec plus de 27%) sur l’île de Beauté lors du premier tour de l’élection présidentielle.
Les soixante-trois futurs élus de la Collectivité territoriale unique (CTU) remplaceront les trente conseillers départementaux de Haute-Corse, les vingt-deux de Corse-du-Sud et les cinquante-et-un élus de la Collectivité territoriale de Corse. Ils seront élus pour un mandat de trois ans et demi, jusqu'en 2021, date à laquelle les Corses revoteront, comme tous les Français, pour les élections régionales.
Une participation en baisse
A une heure de la fermeture des bureaux de vote, à 17 h, le taux de participation était de 45,75% selon le Ministère de l'Intérieur. Une baisse de plus de 6 points par rapport aux dernières élections territoriales en décembre 2015, où 20,94% des inscrits s'étaient déplacés pour voter.
1er tour des #Élections en #Corse : le taux de participation à 17h s'établit à 45,75 % des électeurs inscrits. Le taux de participation relevé à la même heure, au 1er tour des élections territoriales de décembre 2015, était de 52,59% des inscrits. pic.twitter.com/FRQjs4ETEC
— Ministère de l'Intérieur (@Place_Beauvau) 3 décembre 2017