Samedi, la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes sera marquée par des rassemblements dans plusieurs villes de France et une intervention d'Emmanuel Macron.
L’affaire Weinstein a marqué un tournant dans la libération de la parole des femmes victimes d’agressions sexuelles. Cette année, forcément, cette journée spéciale prendra une dimension particulière. «Ce pourrait être une année tournant», espère Marie Allibert, porte-parole d'Osez le féminisme, auprès de l'AFP.
Après de nombreux témoignages sur les réseaux sociaux, déclenchés par le scandale de l’affaire Weinstein, et la hausse des plaintes pour violences sexuelles observée en octobre en zones gendarmerie (+30%) et police (+23%), les féministes osent espérer que «quelque chose est vraiment en train de changer». «Des pics de libération de la parole, on en a eu après les affaires DSK ou Denis Baupin, et puis ça retombait», souligne Marie Allibert auprès de l’AFP. «Là, ça ne retombe pas vraiment, et l'impunité des agresseurs semble être perçue comme véritablement intolérable».
L’association a signé, avec une cinquantaine d'organisations, un appel à un plan d'action ambitieux contre les violences faites aux femmes. Ces revendications ont été présentées mercredi à la presse et doivent être adressées à Emmanuel Macron.
Une allocution très attendue
Le président de la République s'exprimera samedi à 11H à l'Elysée, devant des associations féministes et autres invités. Le Haut conseil à l'égalité femmes-hommes attend «une réponse politique à la hauteur des besoins», a-t-il indiqué dans un communiqué. Plusieurs villes de France organiseront des rassemblements, comme chaque année. Les associations espèrent que des femmes qui ne sont pas forcément militantes viennent rejoindre les manifestants.
De son côté, Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité femmes-hommes, a rappelé que le gouvernement préparait pour l'an prochain une loi contre les violences sexistes et sexuelles portant sur trois points : la verbalisation du harcèlement de rue, l’allongement du délai de prescription pour viols sur mineurs et la fixation d'un âge en dessous duquel un enfant ne pourra être présumé consentant à un acte sexuel. La formation des professionnels confrontés aux victimes est également un cheval de bataille pour Mme Schiappa.
Les organisations veulent des mesures concrètes
Mais ces promesses sont jugées trop insuffisantes selon les organisations signataires de l'appel à Emmanuel Macron, qui réclament «un plan d'action immédiat et durable», avec une grande «loi-cadre» contre les violences et le sexisme, et une «augmentation substantielle» des subventions versées aux associations accompagnant les victimes, et des actions de prévention auprès des jeunes.
En 2016, 123 femmes ont été tuées par leur compagnon, ex-compagnon ou amant, soit une tous les trois jours, selon le ministère de l'Intérieur. L'Ined estime par ailleurs qu'une femme sur sept a subi au moins une forme de violence sexuelle au cours de sa vie.