Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a lancé samedi depuis La Rochelle la «grande concertation» sur la police de sécurité du quotidien (PSQ), «police sur-mesure».
Il s'agit de l'un des grands chantiers sécuritaires d'Emmanuel Macron, dont les premières expérimentations sont annoncées en janvier 2018.
C'est «un projet de société», «son véritable but est de construire dans notre pays une société réconciliée, une société rassemblée, une société apaisée», a lancé le ministre de l'Intérieur lors de son discours.
Il a énuméré les grands axes du projet que l’exécutif s'est employé à préciser ces derniers mois. Le début de la concertation avait été annoncée pour lundi dernier par Emmanuel Macron lors de son discours sur la sécurité à l'Elysée il y a dix jours, après avoir été initialement prévu en septembre.
La consultation s’achèvera le 20 décembre, la conclusion sera livrée «dans les cinq jours» suivants afin que les premières expérimentations commencent «dès janvier 2018», a précisé Gérard Collomb.
La concertation se fera à trois niveaux. Le premier sera celui des 250.000 policiers et gendarmes à qui seront envoyés des questionnaires.
Le deuxième niveau sera local, avec des réunions organisées par les préfets qui accueilleront les policiers et gendarmes, les élus locaux, les «autres acteurs de la sécurité» et des transports, les représentants de l'autorité judiciaire et des experts.
Enfin, au niveau national, le ministère consultera les organisations syndicales, le conseil de la fonction militaire de la gendarmerie, des organisations syndicales de policiers municipaux, des professionnels de la sécurité privée, des entreprises de transport collectif et des associations d'élus.
Tablettes et smartphones
La PSQ sera une «police sur-mesure» avec la «déconcentration de certaines décisions» et une «association plus étroite des maires», a dit Gérard Collomb. Ce sera une police «mieux équipée» et «plus connectée» avec 30.000 véhicules qui seront livrés d'ici cinq ans, 60.000 gilets pare-balles d'ici fin 2018 et 115.000 tablettes numériques.
Dans l'après-midi, lors d'une présentation d'une «brigade de contact» - un dispositif expérimental destiné à renforcer la présence sur le terrain - d'une gendarmerie à Nieul-sur Mer, Gérard Collomb a précisé sans donner de date que les gendarmes seront équipés de smartphones qui pourront scanner les cartes d'identité lors d'un contrôle.
Le ministre souhaite une «police plus partenariale» avec «davantage de coopération avec les élus, la justice, la police municipale, les associations, les sécurités privées ou encore les services sociaux». Enfin, la police de sécurité du quotidien sera une «police recentrée sur ses missions» avec une réforme de la procédure pénale.
«J'ai volontairement évoqué ces questions sans aborder la problématique des effectifs», a dit dans son discours le ministre de l'Intérieur, expliquant que «le défi (..) n'est pas seulement quantitatif mais surtout qualitatif». Il a rappelé que 10.000 postes de policiers et gendarmes seraient créés durant le quinquennat, dont 1.850 dès 2018.
A l'issue de la «grande concertation», la PSQ doit être expérimentée dans une quinzaine de sites début 2018. Une trentaine de villes se sont portées candidates: Lille, Lens, Roubaix, Toulouse ou encore Aulnay-sous-Bois marquée par «l'affaire Théo», affaire du viol présumé à la matraque d'un jeune lors de son interpellation.
Promesse de campagne du candidat Emmanuel Macron, le projet est né dans le contexte brûlant du mouvement de mécontentement des policiers qui étaient descendus dans la rue après l'attaque au cocktail Molotov à Viry-Châtillon (Essonne) et de «l'affaire Théo».
La PSQ ne sera pas «le retour de la police de proximité» instaurée par Lionel Jospin puis supprimée par Nicolas Sarkozy avait dit à l'Elysée Emmanuel Macron devant 500 policiers et gendarmes.
«Il nous dit que ce n'est pas le retour de la police de proximité d'il y a vingt ans. OK. Mais alors c'est quoi en vrai ? Je suis incapable de vous le dire après avoir écouté Emmanuel Macron. Il ouvre une consultation, une concertation. En réalité, il n'en sait rien», avait réagi Guillaume Larrivé (Les Républicains).