Mardi, les services antiterroristes ont interpellé dix personnes de l’entourage de Logan Alexandre Nisin, l’initiateur présumé d’un projet d’attentat contre des hommes politiques et des mosquées. Que sait-on sur ce jeune homme de 21 ans ?
Il a lui-même été arrêté le 28 juin dernier à Vitrolles (Bouches-du-Rhône), et mis en examen dans le cadre d’une enquête ouverte pour «association de malfaiteurs terroriste criminelle». Chaudronnier intérimaire, célibataire et solitaire, Logan Alexandre Nisin est surtout bien connu des services de renseignement pour sa proximité avec des groupuscules d’extrême droite et ses velléités d'actions violentes, raconte Le Monde dans un long portrait.
Il a passé son enfance à Marseille, puis à Vitrolles. Le jeune garçon, qui a un léger tic du visage, est la cible de moqueries à l’école. «Logée dans le vieux village, la famille déchante en découvrant la mixité de l’école, où viennent de nombreux enfants des cités voisines. Or Logan est handicapé par un léger tic au visage, des clignements intempestifs d’un œil. Les récréations deviennent vite son enfer, misère du bouc émissaire», écrit Le Monde.
Activiste d'un groupuscule d'extrême droite
Nisin découvre l’activisme dès ses 16 ans, au sein des Jeunesses nationalistes, du MPNA (Mouvement populaire nouvelle aurore), groupuscule marseillais qui s’inspire du parti grec néonazi Aube dorée, puis de l’Action française Provence. Il est alors dans les radars du renseignement intérieur.
Mais l’alerte est revue à la hausse à la mi-mai, quand Logan Nisin est identifié comme l’administrateur d’une page Facebook à la gloire de l’extrémiste de droite norvégien Anders Behring Breivik, auteur d’une tuerie qui a fait 77 morts en Norvège en 2011.
Le 28 juin dernier, le Raid intervient chez lui pour l’arrêter et met la main sur un ordinateur que le jeune homme tente de dissimuler sur le balcon, rapporte le Monde. En exploitant les données qu’il renferme, les enquêteurs reconstituent le projet «totalement fou et parfaitement construit» que nourrissait Nisin : «organiser sa propre milice pour appliquer sa loi du talion». Sur une esquisse de tract, est inscrit un slogan : «Rebeus, blacks, dealers, migrants, racailles, jihadistes, si toi aussi tu rêves de tous les tuer, nous en avons fait le vœu, rejoins-nous !».
Fusil à pompe, revolvers et gilet par-balles
Il est ensuite mis en examen début juillet et placé en détention provisoire. Les investigations avaient «mis en lumière un projet d'action violente aux contours imprécis : évocation d'un lieu de culte, d'un homme politique, d'un migrant, d'un trafiquant de stupéfiants», selon une source de l'AFP proche de l'enquête.
D’après Le Monde, son dernier projet était baptisé «OAS», le sigle de l’Organisation de l’armée secrète responsable d’une campagne sanglante contre l’indépendance de l’Algérie au début des années 1960. Il visait à «enclencher la 'remigration'» de la France.
La seule femme parmi les dix personnes interpellées mardi est la mère de Nisin, chez qui le jeune homme avait commencé à stocker des armes, selon les informations du Monde. Dans l’arsenal du suspect, figuraient notamment « un fusil à pompe Baikal calibre 12 » avec lequel il s’était mis en scène sur sa page Facebook, deux revolvers et un gilet pare-balles. Il se renseignait aussi sur les moyens d’obtenir de faux papiers et de fabriquer un lance-flammes.