Le Premier ministre Edouard Philippe et le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon ont échangé des propos policés, sans grand coup d'éclat, lors d'un débat qui a notamment abordé la situation de la France, les ordonnances sur le code du travail et le Ceta (traité de libre échange avec le Canada).
Loin des «casserolades» et des appels au soulèvement de la jeunesse, c'est un Jean-Luc Mélenchon calme et souriant qui s'est présenté devant le chef du gouvernement, de vingt ans son cadet, sur le plateau de L'Emission politique de France 2. Ce dernier, qui avait préparé le concours de l'ENA dans le bureau du sénateur de l'Essonne avec son ami Jérome Guedj, a rappelé avec un sourire que «c'était sans lui», ajoutant l'avoir rencontré pour la première fois très récemment.
Avec des arguments manifestement préparés à l'avance, Edouard Philippe a semblé d'abord vouloir corriger quelques affirmations que M. Mélenchon a faites ces derniers mois, rappelant par exemple dès le début de son propos qu'Emmanuel Macron appliquait son programme «après avoir obtenu pour se faire un mandat du peuple».
Les deux hommes sont tombés d'accord sur le constat que «la France va mal» mais aussi que «ça fait longtemps que ça dure». «Nous proposons une autre méthode et vous aussi», a expliqué M. Philippe. «Je suis parfaitement d'accord avec vous», «je ne suis pas gêné», «je n'ai peur de rien - Ah, n'exagérez pas quand même !» : les deux hommes ont échangé moultes politesses pendant les quelque vingt-cinq minutes qu'ont duré l'échange. A deux reprises, le député des Bouches-du-Rhône a invité le chef du gouvernement à sa propre émission pour poursuivre la discussion.
«Vous me décevez»
Seul point sur lequel le ton est monté : l'usage par le leader de La France insoumise du terme «coup d'Etat social». «Ca je n'accepte pas ! Je n'accepte pas ce mot !«, a lancé M. Philippe, tout en reconnaissant à M. Mélenchon qu'il est «un Républicain, je le crois profondément». «C'est pour ça, parce que c'est toujours exigeant d'être un républicain, que parfois je suis déçu. Je suis certain que parfois je vous déçois, mais je dois dire que parfois M. Mélenchon vous me décevez», a insisté le Premier ministre.
Se voyant reprocher de ne pas avoir appelé à voter pour Emmanuel Macron dans l'entre-deux tour de la présidentielle, M. Mélenchon a rétorqué : «vous ne me trouverez pas en défaut de lutte contre le FN et les fascistes». «Vos déceptions à mon égard ne vont pas remplir toute la soirée ! Je ne vais pas vous épouser, Monsieur», a-t-il lancé.