C'est un procédé vieux comme le monde, mais pas très honnête. Marcel Proust aurait monnayé de bonnes critiques dans la presse en échange de plusieurs centaines de francs.
C'est en tout cas ce que laissent à penser des lettres signées par l'auteur lui-même, et révélées par le Guardian, à l'occasion de la mise en vente à Paris ce samedi d'un exemplaire exceptionnel du premier volume d'«A la recherche du temps perdu».
«L'auteur français payait pour que des critiques élogieuses de "Du côté de chez Swan" soient publiées dans les journaux. Il les écrivait lui-même et les faisait taper par son ami éditeur, [Louis Brun, alors employé chez Grasset] afin qu'il n'y ait pas de traces de [son] écriture», assurent nos confrères.
Trois-cent vieux francs auraient ainsi été versés au Figaro, journal pour lequel l'écrivain contribuait quelquefois, en échange de quelques compliments en Une.
«Une bouffée d'air frais», «un petit chef-d'oeuvre»
Dans ses lettres, Marcel Proust qualifie son propre livre de «petit chef-d'oeuvre» ou encore d'une «bouffée d'air frais parmi les autres vapeurs soporifiques». Selon lui, son écriture était «presque trop lumineuse pour l'oeil». Dans une autre missive, il s'emporte contre Le Figaro, qui aurait supprimé l'expression «l'éminent Marcel Proust» d'un article à son sujet.
Selon les experts interrogés par nos confrères du Guardian, cette quête désespérée de l'auteur s'expliquerait par le fait qu'il payait de sa poche les frais de publication.