Inaudible depuis les élections, le parti socialiste veut renaître de ses cendres. Mais il doit trouver sa place dans un paysage politique chamboulé.
Opération «refondation». Sorti laminé du quinquennat et défait à toutes les élections depuis la vague rose de 2012, le Parti socialiste cherche à se reconstruire. Un exercice délicat auquel se prêteront dès jeudi ses militants, censés valider la feuille de route esquissée par les ténors fin août.
Cette mise au point apparaît d’autant plus urgente que le délitement s’accélère cette semaine, avec l’annonce de la mise en vente de son siège emblématique, rue de Solférino, et le départ de son premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis, prévu samedi. Bientôt sans local, sans chef, et toujours sans ligne politique claire, le PS entend tout remettre à plat.
Une organisation à réinitialiser
Pour relancer la machine, il devra d’abord se relever sur le plan matériel. Au terme d’une séquence électorale qui les a désavoués, seuls 126 cadres socialistes disposent d’un siège parlementaire – 30 à l’Assemblée et 96 au Sénat.
Une déroute dans les urnes qui se traduit sur le plan financier. Cette année, en effet, le PS ne devrait recevoir que 8 millions d’euros de dotations publiques, contre 28 lors de la précédente mandature. Un sérieux manque à gagner qui a contraint le bureau national à vendre Solférino. Selon une expertise, la cession permettrait d’éponger le déficit actuel.
Le PS se cherche aussi au niveau idéologique, en témoignent les divisions dans ses rangs. Mis en lumière par les frondeurs en 2014, au moins deux courants s’affrontent. Le premier, incarné par les proches de François Hollande comme Stéphane Le Foll, prône une gauche de gouvernement, réformiste et relativement «Macron-compatible». Quant au second, représenté par l’ex-candidat malheureux à la présidentielle, Benoît Hamon ou le député Boris Vallaud, il défend une gauche plus radicale et très critique de l’exécutif.
Sauf que, pour l’heure, aucune figure ne s’est encore démarquée pour incarner une ligne ou l’autre. Il faudra donc attendre le congrès du PS, en février, pour connaître le nom de son prochain patron, qui aura la charge de le lancer vers les prochaines échéances électorales.
Un avenir plein d’incertitudes
Quoi qu’il en soit, le PS risque de se heurter à un paysage politique quasi verrouillé. «Pris en tenaille entre les Marcheurs, au centre, et les Insoumis, qui incarnent désormais l’opposition à gauche, le parti n’a plus d’espace pour exister», relève le communicant Philippe-Moreau Chevrolet.
Selon lui, deux alternatives s’offrent à ce «PS inaudible et presque inutile aux yeux des électeurs» : soit marquer sa différence avec LREM en assumant une gauche de gouvernement, mais moins libérale ; soit fermer la page des années Hollande et se ressourcer beaucoup plus à gauche, «pourquoi pas aux côtés de La France insoumise». Dans tous les cas, la refondation passerait par un virage à bâbord.