L'ouragan Maria, qui a fait deux morts et deux disparus en Guadeloupe, s'est éloigné mercredi de Saint-Barthélemy et Saint-Martin, où la situation n'avait «rien d'alarmant» selon un premier bilan, et se déchaine désormais sur Porto Rico après avoir semé la désolation en Dominique et déferlé sur les Îles Vierges américaines.
Cet ouragan de catégorie maximale 5 a causé la mort de deux personnes, selon le préfet de Guadeloupe Eric Maire: outre une personne, qui «n'a pas respecté les consignes de confinement» et a été tuée par la chute d'un arbre, une autre est «tombée en bord de mer». Deux autres sont portées disparues après le naufrage d'un bateau au large de la Désirade.
A Saint-Barthélemy et Saint-Martin, déjà meurtries par le passage d'Irma il y a deux semaines (11 morts sur la partie française de Saint-Martin), la situation n'avait «à ce stade rien d'alarmant», selon un premier bilan communiqué par la ministre des Outre-mer Annick Girardin. Ces îles, placées en alerte maximale violette mardi, synonyme de confinement des populations, sont désormais en alerte grise, avec des déplacements limités.
A Saint-Barthélemy, «l'eau et l'électricité sont de nouveau coupées à certains endroits», mais «pas de gros dégâts», selon les premiers constats de la correspondante de l'AFP sur place. Les pompiers dégageaient mercredi matin la piste de l'aéroport, à nouveau ensablée.
Mme Girardin, arrivée mardi en Guadeloupe, a assuré que le pont aérien et maritime allait reprendre pour acheminer secours et matériels à Saint-Martin. Malgré le passage de Maria, «il n'y pas de remise en cause du hub logistique à partir de la Guadeloupe», a-t-elle assuré.
2 millions d'euros récoltés
En Guadeloupe, «pour l'instant les écoles sont fermées, les activités n'ont pas lieu, ça va reprendre tranquillement son rythme», a-t-elle précisé. L'île, où les télécommunications restaient chaotiques mercredi, était toujours en vigilance grise.
«De nombreux axes routiers sont infranchissables et des inondations dans le sud rendent difficile le rétablissement de la circulation», a indiqué mercredi matin le ministère de l'Intérieur sur son site internet.
«Outre le risque généré par les conditions météorologiques et les submersions ponctuelles, le manque d'électricité et la dégradation de nombreux équipements et infrastructures rendent dangereux les déplacements», a insisté la préfecture mercredi matin.
«Dans les deux ou trois jours qui viennent, les choses seront rentrées dans l'ordre en Guadeloupe», a assuré la ministre, qui attend «des nouvelles plus précises des Saintes, de la Désirade, de Marie-Galante», trois îles au sud particulièrement touchées.
«Les télécommunications ont été coupées à Marie-Galante et l'acheminement de vivres est rendu impossible», a précisé l'Intérieur.
Un habitant de Marie-Galante a rapporté à l'AFP «beaucoup d'inondations, d'arbres et de poteaux électriques tombés mais rien de comparable avec Hugo» en 1989.
Sur la Guadeloupe, 80.000 personnes sont privées d’électricité, et le réseau d’eau potable a été coupé «en prévention».
A Pointe-à-Pitre, «plus d'un mètre d’eau» a été constaté à certains endroits, l’accès au port est impossible et «des dégâts à l’hôpital ont été constatés», selon le ministère.
Un concert organisé mardi soir à Paris a permis de récolter plus de 2 millions d'euros pour aider les Antilles françaises.
Mme Girardin a indiqué que l'Etat français allait également se mobiliser pour la Dominique, petite île indépendante anglophone entre la Martinique et la Guadeloupe, «qui semble être ravagée au vu des photos» prise mardi par des avions de reconnaissance.
La Dominique a «perdu tout ce qui pouvait être perdu», avait indiqué mardi matin le Premier ministre Roosevelt Skerrit. Aucune victime n'est toutefois signalée jusqu'à présent dans l'île, a-t-il ajouté.
«Estomac noué»
La Martinique, où l'oeil du cyclone est passé à 50 km des côtes du Nord, a été moins touchée, avec «deux blessés graves et deux blessés légers», selon l'Intérieur. Quelque «70.000 clients sont privés d'électricité, et 50.000 foyers d’eau potable». De nombreux axes routiers ont été obstrués par des coulées de boues, des arbres et des poteaux électriques. L’aéroport de Fort-de-France a été rouvert au trafic commercial.
«Je n'ai pas dormi de la nuit, j'avais l'estomac noué», a témoigné Régine Goron, conseillère municipale de la commune du Carbet, sur la côte nord Caraïbe. «J'étais angoissée en me demandant ce qu'il adviendrait de ma maison», située quasiment sur la plage, a-t-elle ajouté.
Les Îles Vierges américaines ont été balayées mardi soir par l'ouragan, qui a touché Porto Rico mercredi matin, avec des vents de 240km/h. Il sera le «plus dévastateur de l'histoire» de l'île, déjà frappé par Irma il y a dix jours, a prévenu le gouverneur de l'île.