Interrogée sur la baisse des APL, une députée «en marche» n'a pas eu que des mots tendres pour les étudiants. Quitte à parfois caricaturer les faits.
Alors que le gouvernement tente de justifier la réduction de cinq euros des aides personnalisées au logement dès octobre prochain, Claire O'Petit, nouvelle députée La République en marche dans la 5e circonscription de l'Eure, a défendu lundi la mesure controversée au micro du Huffington Post. Un ton inquisiteur, les jeunes dans le viseur... et quelques fake news.
La pression de la dette publique ?
«Cinq euros, c'est beaucoup. Mais c'est, ou ça, ou on augmente les impôts», attaque de front la parlementaire, listant les autres avantages dont peuvent bénéficier les étudiants (bourses, réductions, offres personnalisées...). Avant d'affirmer – à tort – qu'«un étudiant qui touche l'APL touche aussi une bourse» : la bourse est calculée en fonction des revenus de ses parents, or l'aide au logement peut être versée à un étudiant qui n'est pas boursier.
Ces coups de pouce aux étudiants sont financés «avec nos impôts, il ne faut pas l'oublier», continue la députée, en omettant presque que son salaire de députée (7209,74 euros par mois) et autres avantages en nature (accès gratuit à la SNCF première classe, remboursement des frais de taxi...) proviennent des mêmes poches.
Elle justifie ensuite cette coupe par les «dettes» qu'il faut nécessairement rembourser. Un argument difficile à tenir chiffres à l'appui, puisque l'économie ne serait «que» de quelque 32 millions d'euros sur une dette publique qui dépasse les 2.200 milliards.
«Mais bon sang, allez voir ailleurs»
«Cinq euros, c'est pour tout le monde», ajoute la parlementaire. Tout le monde ? Pas vraiment : seuls les foyers les plus modestes, comme les étudiants, les chômeurs, les mères célibataires ou encore les retraités, peuvent bénéficier des APL, et donc souffrir de leur diminution. La coupe passe d'autant plus mal qu'à l'inverse, la baisse de l'ISF, prévue dès 2018, ne concernera que les ménages les plus riches, qui eux verront leur pouvoir d'achat augmenter.
«A chaque fois que nous voulons toucher à une corporation, cette corporation dit 'non, c'est pour l'autre, pas pour moi'», estime Claire O'Petit. Une référence au fait que, d'investiture en investiture, les gouvernements successifs se renvoient la responsabilité sur certains dossiers épineux, comme celui du coup de rabot sur les APL.
Et de poursuivre (tout en taclant maladroitement ceux qui se plaignent) : «Si, à 18, 19 ans, 20 ans, 24 ans, vous commencez à pleurer parce qu'on vous enlève cinq euros, qu'est-ce que vous allez faire de votre vie ?» «Beaucoup d'étudiants sont obligés de travailler encore. Mais bon sang, allez voir ailleurs...», conclut la députée, sans préciser où.
Le @gouvernementFR veut trouver 32,5 millions € par mois en baissant les #APL de 5 €
Voici six mesures alternatives
Pour un même montant pic.twitter.com/S47MO8Shbp— Maxime Combes (@MaximCombes) 24 juillet 2017