Le délégué général de la Fondation Abbé Pierre, Christophe Robert, demande à être reçu par le gouvernement après l'annonce de la baisse des aides au logement, dont les APL, un choix qu'il dit ne pas comprendre car il pénalise «les plus pauvres».
«On voudrait pouvoir discuter des raisons de ce choix qui nous paraît assez étrange. On a déjà rencontré le gouvernement à plusieurs reprises mais voir annoncer une baisse des aides au logement qui ciblent vraiment les ménages les plus modestes, les plus pauvres, nous semble être un signe assez préoccupant», a déclaré à l'AFP le responsable de l'association caritative.
«D'autant que cette baisse intervient après d'autres baisses qui ont conduit depuis quinze ans les aides à décrocher par rapport au coût du logement», fait-il valoir, précisant que ces dernières ont évolué sur cette période «deux fois moins vite que les loyers et trois fois moins vite que les charges».
«Faire des économies, c'est aussi faire des choix»
«Pourtant, dit-il, avec les minima sociaux, l'aide au logement est celle qui lutte le plus contre l'exclusion et la pauvreté dans notre pays».
«Pour bien se rendre compte, il faut savoir qu'un ménage qui a plus d'un Smic net ne touche plus les APL et qu'un couple avec deux enfants qui a plus de deux Smics net non plus. Donc, il s'agit déjà d'une aide ciblée vers les plus fragiles, ceux qui ont le plus de mal à joindre les deux bouts», souligne Christophe Robert.
«On a conscience des enjeux budgétaire mais faire des économies, c'est aussi faire des choix : quand on va exonérer 80% de la population de la taxe d'habitation, on va toucher les classes moyennes et les classes moyennes supérieures et cela va se traduire par 8,5 milliards de moins de rentrées dans le budget de l'État», estime-t-il.
«De l'autre côté, baisser, même un petit peu, les ressources de la protection sociale pour le logement (l'économie attendue est de 400 millions d'euros par an, ndlr), c'est porter atteinte aux plus fragiles», insiste le délégué général de la Fondation Abbé Pierre.
«Pour nous, explique-t-il, c'est un très mauvais signe fait par des technocrates qui ne mesurent pas ce que c'est que de vivre avec de petites ressources, à quel point cela a de l'impact sur les dépenses de santé, d'alimentation. Le coût du logement a flambé en quinze ans et pénalise durement les ménages les plus fragiles. Tout cela nous semble assez incohérent».