Le taux du Livret A sera maintenu à 0,75% début août, son plus bas niveau historique, a décidé jeudi le gouvernement, se refusant à suivre la formule de calcul qui aurait dû le faire remonter à 1%.
Le ministère de l'Economie et des Finances a décidé de suivre la recommandation du gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau. Ce dernier a choisi, "dans une optique de stabilité", de ne pas suivre la formule de calcul du taux théorique, qui aurait dû aboutir à un relèvement du taux à 1%, a précisé la Banque de France dans ce communiqué.
Ce qui signifie que les épargnants ayant déposé de l'argent sur leur livret A ne pourront pas espérer voir leur pécule rapporter davantage à court terme. La révision de la rémunération de ce livret, qui est une décision éminemment politique, intervient le 1er février et le 1er août. Depuis 2013, taux bas obligent, le rendement de ce placement très prisé des Français n'a cessé de dégringoler pour atteindre depuis août 2015 le seuil de 0,75%, soit son plus bas niveau historique depuis sa création en 1818. Et il n'en a plus bougé depuis deux ans.
Inflation toujours modérée
La stabilité, une fois encore, du taux "maintient l'attractivité" de ce placement et "bénéficie également au secteur du logement social, contribuant ainsi à l’effort de construction et de rénovation du parc social qui constitue une priorité du gouvernement", a assuré Bercy dans un communiqué.
La Banque de France avait annoncé à l'été 2016 une modification des règles de calcul utilisées pour déterminer cette rémunération. La nouvelle formule se fonde comme par le passé sur l'évolution de l'inflation hors tabac et des taux sur le marché monétaire, mais prend désormais en compte des données lissées sur six mois afin de limiter les effets de volatilité.
Or, sur les six premiers mois de l'année, la moyenne de l'inflation hors tabac en glissement annuel est ressortie à 1,05%, un résultat de nature à justifier théoriquement un relèvement du taux du livret A. Pour autant, le gouverneur de la Banque de France peut proposer au ministre de l'Economie et des Finances un autre taux que celui qui résulte de la seule application de la formule.
"L'inflation a diminué en fin de semestre et reste aujourd'hui modérée, à 0,70% à fin juin, du fait notamment d'un retour d'une tendance à la baisse des prix de l'énergie", explique l'institution monétaire française pour justifier sa décision.
Il est devenu fréquent de voir la formule de calcul ne pas être strictement appliquée. De façon générale, la Banque de France a estimé ces derniers mois "qu'il convenait d'éviter une volatilité de la rémunération de l'épargne réglementée, dans l'intérêt des ménages comme du logement social", a rappelé jeudi l'institution.
Réforme de la fiscalité
Placement le plus répandu en France avec 62 millions de comptes, le Livret A bénéficie d'un traitement attractif, malgré son niveau de rémunération historiquement faible, les intérêts qu'il génère n'étant pas imposables et les fonds qui y sont placés pouvant être retirés à tout moment.
Ce produit financier, qui sert notamment à financer le logement social, a achevé 2016 sur une collecte nette de 1,75 milliard d'euros après avoir terminé 2014 et 2015 dans le rouge, à la faveur d'une baisse généralisée des taux et de l'effritement du rendement d'autres placements, comme l'assurance-vie.
Et depuis le début de l'année, ce placement a amorcé une nette accélération avec une collecte nette positive de 1,64 milliard d'euros à fin mai. Le maintien du taux du Livret A intervient en pleine refonte de la fiscalité française sur l'épargne, menée par le nouveau gouvernement.
Le Premier ministre, Edouard Philippe, a indiqué mardi que le prélèvement forfaitaire unique de 30% sur les revenus de l'épargne, qualifié de "flat tax", serait mis en oeuvre dès 2018, et représenterait une baisse d'impôt "d'environ 1,5 milliard d'euros". Une mesure dont seront exemptés en principe les produits défiscalisés comme le Livret A.