Un Français de 42 ans, soupçonné d'avoir projeté un attentat à l'aide d'un important arsenal avec deux frères belges, a été mis en examen dimanche par un juge antiterroriste et écroué, selon une source judiciaire.
Interpellé près de Lille dans la nuit de mardi à mercredi, il a été notamment mis en examen pour «association de malfaiteurs terroriste criminelle» et «acquisition, détention et transport d'armes», a précisé la source. Il a été placé en détention provisoire, conformément aux réquisitions du parquet de Paris.
Les deux frères belges, Akim Saouti, 40 ans, et Khalid Saouti, 37 ans, ont été inculpés mercredi à Bruxelles pour «participation à un groupe terroriste» et placés en détention. Ils avaient été arrêtés avec deux autres personnes à Anderlecht, commune populaire de l'agglomération bruxelloise, également dans la nuit de mardi à mercredi.
Plusieurs suspects sont toujours recherchés en Belgique, selon une source proche du dossier.
Un arsenal important
Incarcéré à quatre reprises pour des faits de vols et violences, le Français, sorti de prison en mai 2015, avait été repéré pour s'être radicalisé pendant sa détention et placé sous surveillance par les services de renseignement français.
Les enquêteurs de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) avaient alors observé plusieurs allers-retours du suspect entre la France et la Belgique et l'avaient aperçu avec d'autres protagonistes, dont les frères Saouti, eux aussi connus pour leur radicalisation, en train de manipuler des sacs dans un garage d'Anderlecht.
«La crainte d'un passage à l'acte imminent en France ou en Belgique a conduit à la vague d'interpellations», a relevé une source proche de l'enquête, précisant qu'«aucune cible n'a été à ce jour identifiée».
Le projet semblait toutefois bien avancé : un arsenal constitué de trois kalachnikovs, d'un fusil à pompe, de trois armes de poing, de quatre détonateurs et de munitions a été retrouvé dans un des box du garage ainsi que des uniformes de police, d'agent de sécurité et de secouriste.
Un des sacs repérés à Anderlecht a été retrouvé lors d'une perquisition au domicile du Français. «Il ne contenait pas d'arme, mais plusieurs kilos de bijoux», d'après la source proche de l'enquête.
«A-t-il été vidé de son contenu en France ou le Français était-il venu fournir des armes aux Souati ? C'est ce que l'enquête devra établir», a-t-elle ajouté. En garde à vue, le suspect a reconnu connaître les deux frères, mais nié tout projet terroriste.
Des vidéos de propagande jihadiste, d'attaques kamikazes, ou contenant des messages contre l'Occident ont été retrouvées dans son ordinateur.
«Kamikaze Riders»
La fratrie Saouti a déjà défrayé la chronique judiciaire en Belgique. Khalid avait aidé en 2002 son grand frère Mohamed à s'évader. Ce dernier était finalement retourné en prison et Khalid avait été condamné à un an de prison avec sursis.
Un autre frère, Saïd Saouti, ancien chef d'un gang de motards, les «Kamikaze Riders», adepte de rodéos musclés sur le périphérique de Bruxelles, a été condamné l'an dernier pour «appartenance à un groupe terroriste». Mais le parquet avait demandé un non-lieu concernant les accusations sur la planification d'un attentat, faute d'avoir pu mettre la main sur des armes ou des explosifs pendant l'enquête.
Au cours des dernières années, la France et la Belgique ont été la cible de plusieurs attentats meurtriers commis par des jihadistes se réclamant de Daesh.