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Simone Veil est décédée à 89 ans

[FRANCOIS GUILLOT / AFP]

Figure de la vie politique française et rescapée de la Shoah, l'ancienne ministre et académicienne Simone Veil est décédée ce vendredi matin à son domicile, à l'âge de 89 ans, a annoncé sa famille.

Elle était depuis de nombreuses années l’une des personnalités préférées des Français. Simone Veil, qui allait avoir 90 ans le 13 juillet prochain, s’est éteinte. Un décès marquant l’épilogue du destin si particulier de cette combattante «immortelle», dont le nom restera à jamais associé à la cause des femmes, à l’Europe, mais aussi à la mémoire des victimes de la Shoah.

Née à Nice en 1927 au sein d’une famille juive, Simone Veil a longtemps caché la période tragique de son adolescence. Arrêtée en 1944, elle a en effet été déportée à Drancy puis au camp d’Auschwitz-Birkenau avec l’une de ses sœurs et sa mère. Elle y est restée plus d’un an, mais est sortie seule du camp, sans jamais revoir ni son père ni son frère, déportés en Lituanie. Seules les retrouvailles avec sa sœur aînée, Denise, passée par les camps de Ravensbrück et Mauthausen, ont pu avoir lieu. Agée de 19 ans à son retour en France, Simone Veil s’est lancée dans une carrière de magistrate, devenant la première femme secrétaire générale du Conseil supérieur de la magistrature en 1970, avant de s’engager aux côtés de Valéry Giscard d’Estaing.

Symbole de la cause féministe

Figure emblématique de la scène politique de ces quarante dernières années, c’est à son poste de ministre de la Santé et des Affaires sociales, qu’elle a occupé de 1974 à 1979, que cette grande humaniste a marqué les esprits et l’histoire du pays.  A ce poste, Simone Veil a en effet fait adopter la loi sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG) qui, à partir de 1975, a dépénalisé l’avortement en France.

Un texte emblématique pour lequel la ministre a mené une vive bataille, passant outre les attaques sexistes virulentes d’une partie de la droite parlementaire. Son discours, prononcé devant une Assemblée composée quasi exclusivement d’hommes, restera ainsi dans les annales, faisant de son instigatrice un symbole de la lutte en faveur des femmes. 

L’Europe, l’autre combat

Mais Simone Veil s’est également illustrée sur un autre grand chantier qui lui tenait à cœur : l’Europe. En 1979, elle est devenue la première femme présidente du Parlement européen, élue au suffrage universel. A ce poste de premier plan, elle a fait de la lutte pour les droits de l’homme l’un de ses principaux engagements. Simone Veil a retrouvé par la suite le ministère de la Santé en 1993, dans le gouvernement Balladur, avant d’être nommée membre du conseil constitutionnel, place qu’elle a conservée jusqu’en 2007.

Elle a parallèlement pris la présidence de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, de 2002 à 2007. Et pour couronner une vie extraordinaire, dont elle a tracé les contours dans un livre autobiographique intitulé Une vie, Simone Veil était devenue à 82 ans la sixième femme à entrer à l’Académie française, renforçant son image d’immortelle. 

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