L'entreprise GMD a confirmé une offre de reprise partielle de l'équipementier automobile GM&S, menacé de liquidation, à l'issue d'une réunion mercredi à Bercy sur fond de désaccord avec les syndicats sur les indemnités de licenciement.
GMD, un emboutisseur stéphanois, propose de reprendre le site de l'équipementier à La Souterraine (Creuse) et de garder 120 de ses 277 salariés «sous réserve du financement d’un plan d’investissements de 10 millions d’euros et d’un accompagnement des pouvoirs publics», a indiqué le ministère de l’Economie dans un communiqué.
Il est le seul repreneur potentiel et le tribunal de Poitiers doit examiner son offre vendredi au plus tard mais les syndicats l'accusent de refuser toute indemnité de licenciement à un montant supérieur à celui fixé par la loi.
Renault a «confirmé qu’il apporterait dans le cadre de cette offre de reprise un soutien financier aux investissements de GMD d’un montant maximal de 5 millions d’euros», a précisé le ministère dans un communiqué diffusé en fin de soirée. Le constructeur automobile maintient par ailleurs «ses engagements de commandes à hauteur de 10 millions d’euros annuels».
PSA «s’est également engagé à apporter des commandes à GM&S à hauteur de 12 millions d’euros». Le constructeur «doit encore préciser la nature des investissements qu’il entend consentir», poursuit le communiqué. Ces engagements doivent «permettre de lever les conditions suspensives posées par le repreneur et déboucher ainsi sur la présentation d’une offre de reprise ferme», selon Bercy.
Mercredi, une première rencontre avait eu lieu dans l'après-midi à Bercy entre le président de GMD, des représentants de PSA et Renault, les deux principaux lients de GM&S, et le secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie Benjamin Griveaux. Le secrétaire d'Etat avait ensuite rencontré les délégués syndicaux de l'équipementier dans un hôtel du XVe arrondissement, avant de retrouver les représentants des constructeurs automobile, puis à nouveau les salariés.
Patrick Brun, délégué CGT s'est montré surpris du cadre choisi pour les nouvelles discussions. «Nous avions rendez-vous à 16h à Bercy et nous avons été prévenus ensuite que la réunion se passerait dans un hôtel. Ce sont des changements qui ne servent à rien. C'est de la gaminerie», a-t-il dit.
Accusations de chantage
En marge du lancement des soldes dans un grand magasin, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait demandé dans la matinée au «repreneur de prendre ses responsabilités». «L'objectif est de lever les conditions suspensives émises par le repreneur» pour qu'il puisse déposer une offre ferme avant vendredi devant le tribunal de commerce de Poitiers, avait-il dit, avant d'ajouter : «je ne serai soulagé que le jour où il y aura une offre de reprise en bonne et due forme déposée par le repreneur».
Une réunion de crise rassemblant les syndicats CGT, FO ainsi que Peugeot SA et Renault et Benjamin Griveaux et Bruno Le Maire, avait débouché tard mardi sur l'annonce d'un investissement de 10 millions d'euros pour moderniser le site par les constructeurs Renault et PSA, «une avancée positive et majeure», selon Bruno Le Maire.
En plus de cet investissement, les deux constructeurs ont confirmé leur engagement de commandes annuelles de respectivement 12 millions et 10 millions d'euros à GM&S. Après ces annonces, c'est GMD, seul groupe à se montrer intéressé par GM&S, qui s'est retrouvé en première ligne, la CGT l'accusant de «chantage» en attendant toujours le dépôt d'une offre tangible.
Le syndicat a dit s'être trouvé «face à un mur», jugeant «inadmissible et indigne» que GMD refuse d'indemniser les futurs licenciés au-dessus du montant fixé par la loi, alors qu'il compte garder moins de la moitié des employés de GM&S. GM&S, deuxième employeur privé de la Creuse, a déjà passé six mois en redressement judiciaire, son troisième en huit ans. Tant qu'il ne fait pas l'objet d'une offre concrète, il risque la liquidation judiciaire.
Dans ce contexte, la situation restait tendue mercredi sur le site de la Souterraine, occupé par les salariés, où ont été allumés mardi des feux de pneus et de palettes, des ouvriers prenant toutefois garde d'éviter leur propagation. «Il ne faut pas confondre la détermination à défendre son emploi, ce que je comprends parfaitement, et la violence», a mis en garde Bruno Le Maire.
«La violence conduira à faire fuir le repreneur, à éloigner Renault et PSA, à empêcher de garantir la pérennité du site», a insisté le ministre.