«On va leur réapprendre à manger de la viande». C'est ce qu'avait déclaré début juin Michel Rotger, le maire de Chevigny-Saint-Sauveur, près de Dijon, justifiant sa décision de mettre fin, dès la rentrée, aux repas de substitution dans les cantines scolaires de sa commune.
Les parents d'élèves ont ainsi reçu le message suivant : «Dans le cadre du principe de laïcité, un menu unique est proposé. Aucun repas de substitution ne sera prévu, sauf en cas d’allergies alimentaires et sur validation d’un Projet d’accueil individualisé.»
«Aujourd'hui, on nous parle de laïcité d'une manière généralement anti-musulmane», a dénoncé auprès de l'AFP Paul Garrigue, président d'un collectif regroupant une dizaine d'associations, dont la Ligue des droits de l'Homme et Amnesty international. «Nous voyons la laïcité comme un outil de tolérance et de vivre ensemble et pas d'exclusion, pour qu'un élève, s'il a chez lui un interdit sur le porc, se sente à l'aise à la cantine», a-t-il ajouté.
Le collectif envisage désormais un recours devant la justice administrative, mais souligne que pour l'heure aucune décision officielle n'a été prise, et espère une délibération du conseil municipal.
Pas d'obligation légale
Selon la loi, il revient aux mairies, départements et régions de décider ou non de proposer des menus de substitution aux élèves en fonction de leur religion. L’Etat se contente pour sa part d'imposer une alimentation «équilibrée» et «variée» et d'obliger les cantine à laisser les élèves accéder librement aupain et à l’eau.