Déferlante pro-Macron annoncée, non cumul des mandats, féminisation du personnel politique ... Les Français voteront dimanche pour le premier tour des élections législatives en passe de donner une large majorité au chef de l'Etat dans une Assemblée profondément renouvelée.
Un mois après le second tour de la présidentielle, plus de 47 millions d'électeurs sont appelés à élire leurs 577 députés parmi 7.877 candidats, âgés en moyenne de 48 ans et demi, dont un peu plus de 42% sont des femmes.
Le scrutin a lieu dès samedi dans les départements américains des Outre-mer, en Guyane, Martinique, Guadeloupe, à Saint-Martin, Saint-Barthélemy et Saint-Pierre et Miquelon. En métropole, les bureaux de vote ouvriront dimanche à 08H00 et fermeront à 18H00, une heure plus tôt que lors de la présidentielle, à l'exception des grandes villes où l'on pourra voter jusqu'à 20H00.
Grande favorite du scrutin, la République en Marche!, la formation d'Emmanuel Macron, est créditée d'environ 30% d'intentions de vote dans les sondages et dépasserait la majorité absolue (289) dans la nouvelle assemblée, avec selon les projections de 370 à plus de 400 députés.
Des projections sur lesquelles les spécialistes restent toutefois prudents, en raison notamment du niveau d'abstention qui pourrait atteindre un record sous la Ve République.
Un exploit politique ?
«D'expérience, il faut faire campagne jusqu'au bout... Ce n'est jamais acquis», a réagi prudemment vendredi le Premier ministre Edouard Philippe, en campagne à Paris.
Si Emmanuel Macron obtient la majorité absolue, «ce serait un exploit politique total. Cela signifierait, en tout cas pour quelque temps, la destruction des partis traditionnels», analyse Dominique Rousseau, professeur de droit constitutionnel.
«L'effet de souffle de la présidentielle» fait que les intentions de vote en faveur des candidats d'En Marche! sont souvent très supérieures aux 24% réalisés par Emmanuel Macron le 23 avril, note pour sa part Frédéric Dabi, directeur-adjoint de l'Ifop.
Derrière, Les Républicains, crédités de 20% à 23% d'intentions de vote et de 100 à 150 sièges, résistent plutôt bien - François Fillon a fait juste 20% à la présidentielle -, mais l'écart très important avec En Marche! leur laisse juste l'espoir de limiter les dégâts.
Débâcle annoncée en revanche pour le Parti socialiste, qui avait envoyé près de 300 députés à l'Assemblée nationale en 2012 et pourrait en avoir dix fois moins cette année.
Quant au Front national et à La France insoumise, ils n'ont pas réussi à capitaliser sur le bon score de leurs candidats à la présidentielle et auront surtout pour objectif d'avoir suffisamment de députés (15) pour former un groupe à l'Assemblée.
La participation, évaluée de 49% à 60% dans les derniers sondages, est l'une des grandes inconnues de ce premier tour. En 2012, elle s'était élevée à 57,22%.
Renouvellement assuré
Au terme d'une campagne express, l'affaire immobilière impliquant Richard Ferrand, le ministre de la Cohésion des territoires, candidat REM dans le Finistère, a eu un impact très limité sur les intentions de vote.
Selon les sondeurs, le débat sur la réforme du Code du travail pourrait en revanche avoir plus de conséquences dimanche.
Une certitude, le renouvellement de l'Assemblée est assuré avec près de 40% des députés sortants qui ne se représentent pas, l'entrée en vigueur de la loi sur le non-cumul des mandats et l'émergence d'une nouvelle génération de candidats.
Les Français de l'étranger qui ont voté par anticipation le week-end dernier ont plébiscité les candidats d'En Marche!, en mesure de l'emporter dans dix des onze circonscriptions en jeu. Leur vote a confirmé la dynamique en faveur d'Emmanuel Macron, mais aussi l'effondrement des sortants, PS ou LR, qui n'ont recueilli pour la plupart que de très faibles scores.
Une situation inquiétante pour les quelque 350 députés qui se représentent dimanche, dont de nombreuses personnalités - anciens ministres, candidats à la présidentielle...-, qui risquent à leur tour de faire les frais du «dégagisme» amorcé avec les primaires de l'automne.