Après des mois sous tension, les Français vont élire leur président. Ils devront départager deux candidats que tout oppose.
Au terme d’une campagne hors norme, ponctuée de rebondissements, les électeurs vont élire leur président de la République, dimanche. Un second tour qui sera inédit, puisqu’ils devront départager des finalistes qui ont pour seul point commun le fait de ne pas appartenir à un parti politique dit «traditionnel».
Pour le reste, que ce soit au niveau de leur style, de leur programme ou bien de leur vision du pays, Emmanuel Macron et Marine Le Pen incarnent chacun deux France radicalement opposées, qui espèrent remporter la bataille finale.
Deux candidats pour un président
En retard dans les sondages, Marine Le Pen (39 % selon l’Ifop) n’hésite plus à attaquer. Voulant se présenter comme la porte-parole «du peuple», elle n’a cessé de décrire son concurrent, notamment lors du débat de mercredi, comme «le candidat de la mondialisation sauvage, de l’ubérisation, de la précarisation».
Face à elle, Emmanuel Macron a parié sur une tout autre attitude. Posé et prompt au dialogue, celui qui est donné gagnant dans les sondages (61 %) a préféré opposer son «esprit de conquête» face à «l’esprit de défaite» de son adversaire.
Deux styles, parfaitement mis en lumière lors du très médiatique et symbolique affrontement à l’usine Whirlpool la semaine dernière, qui révèlent deux programmes en rupture totale. En effet, quand la candidate du FN défend la sortie de l’Union européenne, le centriste, lui, plaide pour l’avènement d’une «Europe forte». Il en va de même dans le domaine de l’emploi, de la diplomatie ou encore de la sécurité.
Des propositions plébiscitées, là encore, par des électeurs qui n’appartiennent pas aux mêmes catégories socio-professionnelles. Ainsi, selon l’Ipsos, alors que les sympathisants du centriste sont plutôt urbains et aisés financièrement, la frontiste a fait une percée au premier tour dans les zones rurales et auprès des ouvriers.
Des personnalités clivantes
Les deux finalistes s’accordent toutefois sur un point : ils ne font pas l’unanimité. En effet, alors qu’en 2002 le front républicain s’était rassemblé derrière Jacques Chirac, un grand nombre de citoyens se refusent de voter pour Emmanuel Macron au second tour. Preuve en est, sur l’ensemble de ses électeurs du premier tour, 60 % disent avoir fait leur choix par défaut (Ipsos).
De son côté, Marine Le Pen dispose d’une base solide mais 59 % des Français affirment avoir une mauvaise image d’elle. Conséquence : l’abstention pourrait être particulièrement élevée cette année, autour de 26 % (Ifop). De quoi laisser présager des élections législatives particulièrement mouvementées, en juin prochain.