Brexit, aménagements de peine, chômage, ECU, numerus clausus... Le débat entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron a apporté son lot d'inexactitudes, de contre-vérités et d'imprécisions.
Brexit : effets économiques mitigés
«L'économie britannique ne s'est jamais aussi bien portée que depuis que les Britanniques ont décidé de reprendre leur liberté», a assuré Marine Le Pen. C'est très exagéré, même si les effets du Brexit sur l'économie britannique ont été jusqu'à présent moins importants que ce que la plupart des économistes avaient anticipé.
Le produit intérieur brut britannique a ainsi crû de 1,8% en 2016, nettement plus que la France (1,1%). Et le FMI a récemment revu à la hausse sa prévision de croissance outre-Manche pour 2017, à 2% au lieu de 1,5% précemment. Le rythme de croissance de l'économie britannique reste toutefois inférieur à celui atteint par le passé (2,3% en 2015, 2,6% en 2014 et des taux supérieur à 3% au début des années 2000).
SFR, Chantiers de l'Atlantique : Macron pas ministre
Contrairement à ce qu'a dit Marine Le Pen, Emmanuel Macron n'était pas ministre de l'Economie, mais secrétaire général adjoint de l'Elysée, quand la vente de SFR à Patrick Drahi a été décidée. Emmanuel Macron a été nommé à Bercy le 26 août 2014. La vente de SFR, alors propriété de Vivendi, à Numericable, propriété de Patrick Drahi, a été actée près de quatre mois auparavant, le 5 avril 2014.
Pour une autre vente épinglée par Marine Le Pen, Emmanuel Macron n'était plus ministre quand le groupe italien Fincantieri a obtenu le 6 avril le feu vert du gouvernement français à la reprise des chantiers navals de Saint-Nazaire.
Aménagements de peine : les deux se trompent
Les deux candidats ont attribué faussement mercredi à la loi dite Taubira la possibilité d'aménager les peines de prison ferme de moins deux ans. Cette possibilité d'aménager les peines de prison ferme de moins de deux ans, contre un an auparavant, a en fait été introduite par la loi Dati de 2009, durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy. La loi Taubira de 2014 a, elle, introduit la contrainte pénale et supprimé les peines plancher.
Plus de chômeurs qu'en 1990, moins de chômage
Emmanuel Macron a affirmé qu'il y avait «plus de chômeurs» dans les années 1990 qu'aujourd'hui. C'est faux si l'on tient compte du nombre de chômeurs, vrai si l'on prend en compte le taux de chômage. Le nombre de chômeurs est légèrement plus élévé maintenant qu'au début des années 1990 : 2,783 millions fin 2016 en métropole, contre 2,622 millions au deuxième trimestre 1994. Mais le taux de chômage était plus élevé à l'époque: 10,4% au deuxième trimestre 1994, contre 9,7% fin 2016.
On ne pouvait pas payer avec l'ECU
Marine le Pen a assuré que les entreprises françaises, dans les années 1990, pouvaient payer leurs homologues européennes en ECU, ancêtre de l'euro.
C'est faux. L'ECU, créé en 1979 dans le cadre du système monétaire européen (SME), était un panier de monnaies, destiné à stabiliser les taux de change entre les différentes monnaies européennes. Il n'a jamais été utilisé par des acteurs privés pour des échanges internationaux.
Numerus clausus : il a été relevé
Contrairement à ce qu'affirme Marine Le Pen, le gouvernement en place a relevé le numerus clausus - qui détermine le nombre d'étudiants accédant à la deuxième année d'études de médecine - pendant le quinquennat. En 2016, 131 places supplémentaires ont été créées dans 10 régions en manque de médecins, et en 2017 478 places supplémentaires dans 22 facultés.
En Marche ! a écarté des responsables encombrants
Marine Le Pen a reproché à Emmanuel Macron d'avoir comme conseiller santé un lobbyiste du laboratoire pharmaceutique Servier. Celui-ci, Jean-Jacques Mourad, a démissionné en mars de son équipe après des révélations sur un possible conflit d'intérêt.
Marine Le Pen a aussi réitéré ses attaques concernant Mohamed Saou, référent d’En Marche! dans le Val d'Oise. Celui-ci, soupçonné de liens avec l'islamisme, a été mis en retrait de ses fonctions.
Le tueur des Champs-Elysées en sursis
Karim Cheurfi, qui a tué un policier sur les Champs-Elysées le 20 avril, n'était pas sous contrôle judiciaire et ne violait pas ses obligations depuis un an et demi, comme l'a dit Marine Le Pen.
Il était sous un régime de sursis mise à l'épreuve, pour un vol aggravé commis en octobre 2013. Condamné à quatre ans de prison dont deux avec sursis mise à l'épreuve, il avait été libéré le 14 octobre 2015. Il s'était rendu de mi-janvier à mi-février 2017 en Algérie, sans avertir la justice comme il aurait dû le faire. Il avait alors été rappelé à l'ordre mais son sursis n'avait pas été révoqué.
Par ailleurs, le parquet de Paris avait ouvert le 9 mars une enquête pour entreprise individuelle terroriste contre lui.