Marine Le Pen et Emmanuel Macron vont s’affronter mercredi en direct durant plus de deux heures. Avec des objectifs bien différents.
Mercredi soir, les deux finalistes de l’élection présidentielle vont débattre, en direct sur TF1, France 2 et CNEWS, dans un duel télévisé qui réunit habituellement des millions de téléspectateurs. Un événement très attendu, d’autant que c’est la première fois qu’un candidat du FN participera à un débat de l’entre-deux-tours, puisqu’il n’avait pas eu lieu en 2002, Jacques Chirac ayant refusé la rencontre avec son rival Jean-Marie Le Pen.
À quatre jours du second tour, ce sera la dernière occasion de convaincre, alors que Marine Le Pen (41 %) reste, selon les sondages, distancée par Emmanuel Macron (59 %).
Des arguments rodés
Face aux journalistes Nathalie Saint-Cricq et Christophe Jakubyszyn, respectivement chefs des services politiques de France 2 et TF1, les candidats vont s’opposer sur une douzaine de grands thèmes pendant 2h20.
Parmi eux, les sujets économiques et sociaux, qui pourraient être favorables en leader du mouvement En Marche !. Depuis le début de la campagne, l’ancien ministre de l’Economie s’attèle en effet à démontrer les dangers d’une sortie de l’euro et l’impossibilité de financement du programme de la candidate FN.
Cette dernière, de son côté, pourrait miser sur l’emploi. L’objectif : continuer à séduire l’électorat ouvrier, comme lors de sa visite surprise et très médiatique à l’usine Whirlpool d’Amiens (Somme), la semaine dernière. Une stratégie lui permettant d’opposer le peuple - qu’elle dit représenter - à l’élite - associée selon elle à Emmanuel Macron.
Les thèmes de l’immigration et de la sécurité, qui ne manqueront pas d’être abordés, pourraient tout autant accommoder Marine Le Pen, laquelle a accusé à plusieurs reprises son adversaire d’être trop laxiste sur ces questions.
Mais au-delà de ses sujets de prédilections, chacun devra sortir de sa zone de confort, afin de persuader les nombreux électeurs qui hésitent encore. Car si «on a longtemps dit que les débats de l’entre-deux-tours n’influençaient pas les choix, cette année, il peut avoir un véritable impact», estime le communiquant politique Philippe Moreau-Chevrolet. Sans renverser la tendance, il pourrait ainsi réduire l’écart, et accroître le poids du FN pour l’avenir.
Des stratégies opposées
Outre les arguments, c’est le comportement des candidats qui pourrait influencer les électeurs. Et là-dessus, Emmanuel Macron et Marine Le Pen auront des challenges différents.
D’un côté, le centriste va devoir «durcir son image, muscler son discours et montrer qu’il peut être président», analyse Philippe Moreau-Chevrolet.
Au contraire, Marine Le Pen aura tout intérêt à poursuivre la «normalisation» de son parti, en montrant un «visage apaisé». Car, en étant trop agressive, elle risquerait de renforcer l’idée que le front républicain qui lui est opposé est nécessaire, conclut le spécialiste. Autant d’enjeux qui promettent de rendre la soirée électrique.