L'élection de Marine Le Pen à la présidence de la République serait quelque chose de «monstrueux», estime l'ancien secrétaire de Jean Moulin, Daniel Cordier, dans une interview au Journal du dimanche.
«Quand j'imagine Marine Le Pen représenter la France, quand je réalise le risque qu'elle soit élue, je trouve cela monstrueux. Le Pen, je dis non», déclare celui qui est parti à Londres en 1940, alors qu'il n'avait «pas vingt ans», pour entrer dans la Résistance.
«Le Pen, dans la vie politique française, représente la négation de tout ce pour quoi nous nous sommes battus. Le Pen, c'est la France de la réaction, c'est la France de Maurras qui continue. Ce retour est effrayant», poursuit M. Cordier, l'un des 11 derniers compagnons de la Libération encore en vie.
Âgé de 96 ans, il s'exprime pour la «première fois» dans le débat politique.
Militant dès l'âge de 17 ans à l'Action française, Daniel Cordier s'était opposé à l'armistice et avait embarqué le 21 juin 1940 à Bayonne pour arriver à Londres. Anti-gaulliste après guerre, il est devenu un homme de gauche et a «toujours voté à gauche, même communiste, une seule fois, contre De Gaulle!», explique-t-il. «J'avais voté Hollande en 2012 et je trouve le résultat décevant».
Daniel Cordier appelle «sans hésitation et sans aucune réserve» à voter pour Emmanuel Macron (En Marche!). «Macron a beaucoup de présence. Quand il est allé visiter l'usine Whirlpool dans une ambiance hostile, il s'est battu. Il a été mieux que je ne l'aurais imaginé».
Interrogé sur les allusions au gaullisme dans les discours de Marine Le Pen et de son nouvel allié Nicolas Dupont-Aignan, l'ancien secrétaire de Jean Moulin considère que ce sont des «mots creux». «Quand je les entends revendiquer cet héritage je le ressens comme une imposture».