Près de 3.000 jeunes se sont rassemblées jeudi à Paris et dans plusieurs grandes villes pour protester contre l'affiche du second tour de l'élection présidentielle, provoquant des tensions avec les forces de l'ordre.
Les manifestants s'étaient donné rendez-vous place de la République, à l'appel de mouvements de lycéens et étudiants antifascistes et anticapitalistes. Ils ont rejoint la place de la Bastille, taguant sur leur chemin plusieurs abris publicitaires avec le slogan «Ni Le Pen, ni Macron» ou incendiant des poubelles. Ils ont également détérioré plusieurs vitrines, notamment celle d'une agence bancaire, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Les forces de l'ordre ont essuyé des jets de bouteilles en verre. Elles ont riposté avec des gaz lacrymogènes.
Lycéens VS Le Pen/Macron : ça chauffe à Paris. #BlocusNiFnNiMacron #BlocusContreLeFN pic.twitter.com/w2Rn1oaAuR
— D Anthony (@AnthonyDepe) 27 avril 2017
Aux cris de «anticapitaliste», les manifestants ont brandi des pancartes «élections, choisis tes maîtres», «je porte le deuil de la démocratie». Une banderole affichait la formule : «Stop la marche, éteindre la flamme, ça va péter dans tout Paname», double allusion au mouvement En Marche! d'Emmanuel Macron et au logo du Front national, que symbolise une flamme tricolore.
Auparavant, des blocages ont été organisés dans plusieurs lycées parisiens. Une vingtaine de lycées étaient «diversement mobilisés», a déclaré à l'AFP le rectorat de Paris, précisant que quatre établissements étaient bloqués et six autres partiellement. Le ministère de l'Education nationale a évoqué «quelques rares mobilisations en régions».
Blocages d'établissements
Devant le lycée Voltaire, dans l'est parisien, une centaine de jeunes, certains le visage dissimulé par un foulard, se sont rassemblés très tôt dans la matinée, a constaté un journaliste de l'AFP. Des poubelles ont été placées devant les portes de l'établissement. Les manifestants ont posé dessus des pancartes avec les mentions «Ni Marine, ni Macron, ni patrie, ni patron», «leurs élections, notre avenir». Un drapeau anarchiste flottait également.
"Ni Marine ni Macron, ni Patrie ni Patron" slogan de la banderole du lycée Voltaire à #Paris pic.twitter.com/JnbO57XFuL
— Louis Witter (@LouisWitter) 27 avril 2017
Au lycée Paul Valéry, des lycéens ont confectionné une affiche «Ni Le Pen ni Macron». Selon Anouk, 16 ans, un «sit-in pacifique» a été organisé devant le lycée Buffon dans le XVe arrondissement. «On se désolidarise des blocus et des manifestations violentes, on veut garder une légitimité maximale», a dit l'élève de terminale. «On est en désaccord avec les valeurs portées par le Front national, et comme on n'a pas encore le droit de vote, on doit s'exprimer autrement», a-t-elle ajouté.
Affrontements à Rennes
A Rennes, 950 personnes selon la police et 1.500 selon les organisateurs, ont défilé avec pour mot d'ordre «#OnVautMieuxQueÇa». Si le cortège a démarré dans le calme, certains manifestants ont tenté de rejoindre le centre historique, dont les accès avaient été bloqués par les forces de l'ordre. Une cinquantaine de personnes ont brièvement investi les voies à la gare de Rennes avant d'en être chassés par la police au moyen de grenades lacrymogènes. L'incident a provoqué des retards de trains allant jusqu'à trente minutes, selon la SNCF.
Les affrontements se sont poursuivis dans le centre-ville, là encore à grand renfort de grenades lacrymogènes pour tenter de disperser le cortège. Ils étaient encore quelques centaines en début d'après-midi à défiler en petits groupes, survolés par un hélicoptère de la gendarmerie, et au moins deux manifestants ont été interpellés, a constaté une journaliste de l'AFP.
A Nantes, environ 400 personnes, dont beaucoup de jeunes, ont manifesté dans l'après-midi aux cris de «Ni patrie, ni patron, on nique les élections» ou «Macron, Le Pen, la finance ou la haine», a constaté une journaliste de l'AFP, qui a assisté à une interpellation.
A Lyon, ils étaient 300 selon la police. Sur une banderole accrochée sur les grilles de l'Hôtel de ville, on pouvait lire : «Par mes actes et ma conso, je vote 365 jours par an. Toi qui ne te mobilises que 2 dimanches tous les 5 ans, vote comme bon te semble, mais ne fais pas la morale».
Quelque 250 personnes ont également marché à Toulouse, selon la préfecture. Ils étaient plus d'une centaine à scander «ni banquier, ni facho» à Dijon et 80 à Clermont-Ferrand, où aucun incident n'a eu lieu, selon la police.